Qui ne se souvient pas des spectacles au grand air dans tout Tana d’il y a vingt-cinq ans. Antsonjombe et Antsahamanitra… Vu la conjoncture actuelle, ces moments-là sont d’une époque révolue.

Le bon vieux temps. A Antsonjombe, dans le temps où les spectateurs emmenaient des lamba pour s’asseoir à même le sol, parapluies à la main, les paniers à pique-nique bien garnis, assistant activement aux concerts d’un seul chanteur. Parmi ceux qui ont le plus marqué les esprits, Njakatiana, Rossy, les groupes Rebika et Ny Ainga…Un véritable loisir de passer toute une journée malgré la poussière et le peu de confort. Il était rare de voir des spectacles rassemblant plusieurs vedettes sur la même scène. Ces cinq dernière années, remplir le Coliseum à Antsonjombe s’avère être un défi colossal voire impossible pour une seule tête d’affiche. Et compte tenu de la pandémie qu’est le corona virus, les opérateurs restent sceptiques. Il y a quelques années déjà, peu d’organisateurs osent s’aventurer à assurer un spectacle à part entière. D’après un organisateur, il faut mettre toute une stratégie pour s’assurer de ne pas faire de vente à perte en matière de spectacle. On n’a pas droit à un faux pas. Comme la concurrence est rude car les gens sont de plus en plus nombreux à entrer, il faut se démarquer ne serait-ce que pour la rentabilité d’un spectacle. En ce moment, presque tous les artistes sont habitués à se partager la tête d’affiche quitte à se faire de l’ombre sur scène.
Bouleversement tendanciel. C’est dans les années 2000 qu’un organisateur événementiel a conçu des spectacles thématiques, au plus grand bonheur du public qui, jusqu’à lors, étaient accoutumés à apprécier complètement un seul artiste à la fois. La formule consiste à rassembler plusieurs chanteurs sur une même scène, et partager le répertoire d’un autre. A Madagascar, cette formule a tout de suite rencontré un franc succès. Ce phénomène s’étale encore plus d’une décennie plus tard. Devenue culte, cette formule est incontournable pour la réussite d’un évènement musical. Aujourd’hui, même les groupes d’une notoriété de fer craignent toujours de voir rouge lors des spectacles. En effet, le nombre de spectateurs a une répercussion considérable sur la réussite d’un spectacle, tout autant sur le moral que la motivation de l’artiste. Selon un chanteur, il est très difficile de se remettre d’un spectacle à fiasco car il y va de sa propre estime de soi. Plusieurs paramètres à prendre en compte, avant de se lancer sinon on risque fort de prendre un coup sur soi. Dans la même foulée, les chanteurs locaux ont adopté la tendance publicitaire. Si les produits et les services à vendre sont florissants, les artistes quant à eux cumulent contrats sur contrats pour des consommables, détergents, pâtes, pâtes à dentifrices, fromages… tout y passe. Si les artistes optent pour cette solution de facilité en faisant d’une pierre deux coups. Quand un chanteur fait la promotion des produits, ils restent toujours dans le monde de l’audiovisuel, ne risquant pas ainsi de se faire oublier par le grand public. En attendant la fin de cette épisode cauchemardesque du au coronavirus, tout ce beau monde essaie de se contenter des petites vidéos balancées sur les réseaux sociaux.
Zo Toniaina