
Face à la détention préventive d’Arphine Helisoa, directrice de publication du journal « Ny Valosoa », Amnesty International a son mot à dire. Selon un communiqué remis à la presse, cette organisation non-gouvernementale internationale s’est insurgée contre la détention préventive de cette journaliste. Elle estime que « les autorités malgaches doivent libérer immédiatement et sans condition cette journaliste incarcérée après avoir été accusée d’avoir critiqué le président pour sa gestion de la riposte au COVID-19 ». Arphine Helisoa a été placée détention préventive à la prison d’Antanimora, dans la capitale, le 4 avril dernier. Elle est accusée de diffusion de fausses nouvelles et d’incitation à la haine envers le président Andry Rajoelina, après une publication sur la version en ligne de « Ny Valosoa », un journal proche de l’opposition.
Amnesty Intenational d’enchaîner que « la publication en cause, qui a été partagée le 2 avril, critiquait la réponse du gouvernement malgache à la pandémie mondiale de COVID-19. Ainsi, le gouvernement aurait mal géré la crise – l’article fait référence notamment à la décision d’autoriser l’ouverture des marchés sans pour autant mettre en œuvre des mesures de protection tout en ayant recours à un usage excessif de la force pour disperser les personnes encore présentes dans la rue. Elle qualifie également le président ‘d’assassin’ car il n’aurait pas mis en en œuvre des mesures pertinentes et adaptées au contexte malgache, ce qui pourrait selon elle entraîner la mort de nombreux Malgaches ».
Amnesty International tient également à rappeler que « la version imprimée du journal, à l’instar de tous les autres journaux du pays a été publiée pour la dernière fois le 21 mars au début du confinement. Toutefois, la version en ligne et une page Facebook sont toujours disponibles. Selon son avocat, cette arrestation est une manœuvre politique qui la vise personnellement car elle est la directrice de publication d’un journal d’opposition. Depuis 2016, le code de la cybercriminalité ne prévoit plus de peines de prison pour la diffamation et les insultes en ligne. Par conséquent, les journalistes ne peuvent plus être condamnés à des peines d’emprisonnement pour des infractions liées à la diffamation ou aux insultes. Bien que Gérard Rakotonirina, président de l’Association des journalistes de Madagascar confirme qu’Arphine Helisoa est une journaliste professionnelle accréditée, les autorités refusent de la reconnaître comme telle, ce qui leur permet de la détenir en s’appuyant sur des lois abusives qui prévoient des peines de prison pour les non-journalistes accusés d’incitation à la haine contre le gouvernement. Gérard Rakotonirina a qualifié la situation de sa cliente de détention arbitraire qui viole la liberté de la presse et constitue une entrave au travail des journalistes. En raison de la pandémie de COVID-19, Arphine Helisoa ne sait pas quand son procès aura lieu, ce qui signifie qu’elle pourrait passer de longs mois dans des conditions mettant sa vie en danger ».
Recueillis par Dominique R