Plusieurs opérateurs économiques estiment que les entreprises victimes de cette crise sanitaire doivent bénéficier d’un fonds d’aide directe de la part de l’Etat.
Le secteur industriel n’a pas été épargné par cette crise sanitaire qui prévaut à Madagascar. En effet, selon une source auprès du Syndicat des industries de Madagascar (SIM), plusieurs industries sont actuellement en cessation d’activité. « Nous avons une rupture de stocks de matières premières. Ce sont notamment des intrants importés. L’approvisionnement de ces matières premières est en fait perturbé en raison de l’arrêt de toutes les activités économiques dû au confinement dans les pays d’origine. C’est pourquoi,nos unités de production ne tournent plus. En outre, louer des bus pour le transport du personnel, et aménager les sites de production pour pouvoir respecter la distance d’un mètre constituent une charge supplémentaire pour les autres industries qui sont déjà en difficulté », a témoigné un opérateur membre du SIM.
Situation catastrophique. Pour un autre industriel, opérant dans le secteur agroalimentaire, la chaîne de distribution de marchandises au départ de l’usine jusqu’aux consommateurs finaux est complètement bloquée. « Les grossistes ne vendent plus nos marchandises puisqu’elles ne sont pas considérées comme des produits de première nécessité. Les camions qui devraient faire la livraison en ville sont en même temps bloqués. Au niveau des commerçants détaillants, ils ne peuvent pas non plus assurer l’approvisionnement de nos produits auprès des distributeurs, faute de moyen de transport. Enfin, les consommateurs finaux consacrent uniquement leur budget à l’achat des produits essentiels. Notre situation est ainsi catastrophique puisque la demande chute brusquement. Notre chiffre d’affaires est en train de chuter de près de 70% en ce moment », a-t-il expliqué. Et lui d’ajouter que plus de la moitié des industriels opérant dans le secteur agroalimentaire sont très touchés par cette crise sanitaire. Bon nombre d’entre eux sont déjà en cessation d’activité.

Inquiétudes. D’autres opérateurs économiques se plaignent en martelant qu’ils ont dû suspendre leurs activités pour le moment. En effet, « même si nous continuons à produire, nous ne pouvons effectuer que deux à trois livraisons seulement auprès de nos points de vente éparpillés dans la capitale, en une demi-journée. Ceux-ci doivent fermer à midi. Du coup, les ventes sont en nette régression. A part cela, il s’avère très difficile de livrer des marchandises dans les autres régions. Accorder une vente à crédit aux distributeurs régionaux devient plus compliqué étant donné l’incertitude de la situation économique dans le pays », d’après toujours les explications d’un industriel victime de la situation. Certes, d’autres industries locales, notamment celles qui fabriquent des produits de première nécessité comme que le savon et les pâtes alimentaires, fonctionnent encore, mais elles n’ont pas caché leurs inquiétudes quant à leur avenir.
Fonds d’aide directe. « Si le confinement se prolonge le mois prochain, nous devrons procéder au chômage technique. Les fournisseurs ne cessent de réclamer leurs créances. Nos clients ne nous paient pas non plus. Pour nous, il y a un risque d’explosion sociale si l’État ne prend pas de mesures plus concrètes. En effet, les employés ont également des familles à nourrir. Nous suggérons ainsi l’allocation par l’Etat d’un fonds d’aide directe aux entreprises impactées par cette crise sanitaire, afin de palier à ces éventuels conflits sociaux. Les critères de sélection pour pouvoir bénéficier de ce fonds d’aide directe devront être déterminés par les groupements professionnels et les banques primaires. En effet, plusieurs entreprises œuvrant dans divers secteurs d’activité, même dans l’informel, rencontrent actuellement des problèmes de trésorerie », a évoqué un autre opérateur économique.
Navalona R.