
La population de Betafo vit mal, très mal, le confinement imposé pour se préserver de cette pandémie du coronavirus.
Dans cette ville en effet, l’écrasante majorité des habitants ne pense pas qu’elle puisse être atteinte par la maladie. Comme la communication passe très mal, et qu’une infime partie possède la télévision, parfois à usage privé pour voir des films, on va jusqu’à dire que ce coronavirus est une affaire des autres villes. Du coup, les mesures préventives imposées par les autorités locales sont perçues par la population comme une injustice telle que l’arrêt du marché de lundi à 12h ; ou le confinement auquel sont soumis tous ceux qui sont arrivés dans la ville en provenance de la capitale depuis le 7 avril ou pire, bien avant, car ici tous ceux qui rentrent d’un voyage à l’étranger sont mis en quarantaine, fort heureusement à domicile. Mais après avoir réussi à se faire entendre et respecter durant deux lundis de suite, les policiers ont eu droit lundi dernier à un vent de révolte car, bien que sommés de plier bagage dès midi, les marchands ont traîné des pieds jusqu’à 15h ; tandis qu’une bonne partie est partie au lac Tatamarina pour s’adonner aux festivités du week-end pascal où l’alcool coulait à flots. Inutile de préciser que la distance d’un mètre n’a pas été respectée. C’est dire que cette covid-19 ne fait pas peur à cette population de Betafo. Et ceci certainement pour deux raisons. La première est qu’ici le ravintsara, l’artemisia ou l’eucalyptus blanc poussent à tout bout de champ, et que s’agissant de plantes antivirales, les habitants l’utilisent contre ce qu’ils appellent tout simplement une mauvaise grippe. La seconde, c’est le fait que ce coronavirus ne concerne que Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina, et que les habitants de Betafo ne voient pas trop l’intérêt de ce confinement, surtout que les étrangers ont franchi les barrières sanitaires bien avant d’atterrir à Betafo. Et dans une ville où l’aide de l’Etat n’existe pas, ce plan anti-coronavirus est vécu comme un vrai calvaire, obligeant les populations à vendre leurs biens pour tenter de survivre, car il n’y a plus de rentrée d’argent. Les propriétaires de la station thermale d’Andranomafana s’insurgent contre la fermeture de ce site qui leur a permis de vivre des années durant, sans autres activités annexes. C’est comme si cette eau qui sort des terres à plus de 70 degrés était à même de combattre ce virus.
Clément RABARY