
D’après les indications de l’Unicef, quelque 1 052 enfants sont actuellement détenus dans les prisons malgaches, selon les dernières statistiques du ministère de la Justice datant de fin de décembre 2019. Parmi ces enfants en détention figurent 45 filles. Par ailleurs, 664 enfants, soit 63% de la totalité des enfants en prison à Madagascar à la fin du mois de décembre 2019, sont en détention préventive.
Face au risque accru de contamination de la covid-19, l’Unicef souhaite voir libérés les enfants en détention. Dans une déclaration du 13 avril 2020, la directrice générale de l’Unicef, Henrietta Fore, souligne que des centaines de milliers d’enfants actuellement détenus dans divers pays du monde, y compris à Madagascar, font face à un risque important de contracter la covid-19. En effet, face à une situation quasi-généralisée de surpopulation carcérale, les détenus, placés dans des espaces exigus, n’ont pas accès à des services appropriés d’hygiène, de santé et de nutrition. Des conditions de détention qui sont favorables à la propagation de maladies, dont actuellement la covid-19. L’Unicef craint qu’une épidémie est susceptible de se déclarer à tout moment dans ces structures. Les prisons à Madagascar, fortement touchées par le phénomène de surpopulation, ne sont pas à l’abri « des risques de propagation des maladies en général et du coronavirus en particulier », souligne l’organisation. Notons au passage que des consignes ont été données par le ministre de la Justice afin d’éviter, d’une part, la détention des prévenus enfants et adultes – hormis pour les délits et crimes graves ; et d’encourager, d’autre part, la mise en liberté provisoire des détenus.
En toute sécurité. Concernant les enfants en particulier, ils sont placés en détention provisoire ou retenus dans des centres de détention pour diverses raisons. Tous ces enfants, ainsi que l’ensemble des détenus risquant de contracter le virus doivent être libérés, souligne l’Unicef. « Nous exhortons les gouvernements et autres autorités pénitentiaires à libérer immédiatement tous les enfants pouvant être réunis avec leur famille en toute sécurité ; ou de leur faire bénéficier d’autres mesures adaptées, notamment une prise en charge par la famille élargie, ou toute autre prise en charge axée sur la famille ou la communauté », devait alors déclarer Henrietta Fore. L’Unicef demande par ailleurs un moratoire immédiat sur les nouvelles admissions d’enfants dans les structures de détention, et se met à la disposition des autorités afin de faciliter la préparation et la concrétisation de la libération des enfants. « Les droits des enfants à la protection, à la sécurité et au bien-être doivent être protégés en toutes circonstances, y compris – et surtout – durant les crises telles que celle que nous traversons aujourd’hui. La meilleure manière de protéger les droits des enfants détenus durant une dangereuse pandémie est d’assurer leur libération en toute sécurité », insiste la directrice générale de l’Unicef.
Quartiers des mineurs. Dans les établissements de détention à Madagascar, il existe généralement un quartier des détenus mineurs pour les garçons. En revanche, les filles mineures sont incarcérées avec les femmes adultes, indique toujours l’Unicef. Et d’ajouter qu’actuellement, en raison du manque d’espace, certaines prisons utilisent les quartiers des mineurs comme lieu d’isolement en quarantaine pour les nouveaux détenus ; d’autres mettent les mineurs et les adultes dans les mêmes lieux d’isolement.
Rappelons qu’en matière de mise en détention d’enfants, Madagascar dispose notamment de la loi 2016-018, relative aux mesures et procédures applicables aux enfants en conflit avec la loi – incluant les limites sur la période de détention préventive et les mesures alternatives à la détention. Cette loi, ainsi que les mesures de son application, traduisent l’engagement du pays aux standards internationaux en la matière et aux instruments des droits de l’enfant ratifiés par Madagascar. Dans le cadre d’un programme conjoint entre l’Unicef et le gouvernement malgache pour 2015-2020, l’Unicef appuie le ministère de la Justice pour l’application de la loi 2016-018. Actuellement, cette organisation appuie la mise en œuvre des recommandations mondiales sur l’accès à la justice pendant l’épidémie covid-19, y compris l’assistance judiciaire aux enfants pour les demandes de liberté provisoire.
Hanitra R.