
Proclamé le 21 mars 2020 pour une durée de 15 jours, l’état d’urgence sanitaire sur tout le territoire de la République, a été prolongé pour une seconde période de 15 jours.
Quoique le président de la République ne l’ait annoncé officiellement que dans la soirée du dimanche 5 avril, le décret prolongeant la durée de l’état d’urgence a été pris la veille, c’est-à-dire à la date du 4 avril. En somme, la « prolongation » prendra fin ce samedi 18 avril. Et ce, conformément à l’article 16 de la loi n°91-011 du 18 juillet 1991 relative aux situations d’exception qui dispose que « la durée de la situation d’exception est de 15 jours. Elle peut être prolongée dans les conditions prévues par l’article 3 de la présente loi ». Laquelle stipule que « la situation d’exception est limitée dans le temps et dans l’espace. Elle peut toutefois être prolongée dans les mêmes formes, par période ne pouvant excéder chacune la période initiale. Elle prend fin de plein droit à l’expiration du délai fixé, à moins qu’il n’y soit mis fin avant, par décret pris en conseil des ministres ».
Au jour le jour. La tenue d’un Conseil des ministres est attendue demain ou au plus tard après-demain, en tout cas, avant l’intervention radiotélévisée du président de la République prévue dimanche. L’occasion pour ce dernier de faire connaître la continuation ou pas de l’état d’urgence sanitaire. Tout particulièrement du maintien ou non du confinement qui fait dans la pratique, l’objet de de demi-mesure puisqu’elle n’est suivie qu’à partir de midi jusqu’à la fin du couvre-feu à 5 heures du matin. Même si la mesure est le moyen le plus sûr et le moins cher de contenir la propagation de la covid-19, le confinement pose problème. Un problème de survie pour les personnes qui sont obligées de sortir de chez elles pour subvenir à leurs besoins, car la grande majorité d’entre elles n’a pas de réserves auprès des organismes de microfinance, encore moins dans les banques. Le télétravail n’est pas non plus possible dans le secteur informel d’où ils tirent leurs revenus au jour le jour.
Feuille de route. En somme, c’est le cas de le dire, le président de la République est confronté à un dilemme cornélien : poursuivre le confinement ou commencer le déconfinement partiel. Qui plus est, cela n’affecte pas uniquement le secteur informel mais aussi les entreprises, dont la plupart sont contraintes au chômage technique ou chômage partiel afin de réduire leurs charges en cette période de baisse, voire d’arrêt de leurs activités. Avec ce que cela suppose d’impacts sur les salariés. Le locataire d’Iavoloha est également attendu sur la question de la réouverture ou pas des écoles, collèges, lycées et universités dont le calendrier scolaire est fortement perturbé. Les taxis, taxi-be et taxi-brousses sont aussi impatients d’être fixés sur leur maintien à l’arrêt ou leur redémarrage après avoir débrayé durant un mois. Comme tous les Malgaches, ils attendent une meilleure visibilité par rapport à la feuille de route tracée par le TGV. Quand bien même il serait entouré d’un conseil de guerre (contre le coronavirus), le chef de l’État se trouve face à « la solitude du commandement » pour faire un choix dont la gravité est à la mesure de l’épidémie elle-même.
R.O