
La « génération Le Pub » a subi un vrai choc avec le décès de Mario Mandimbiray, survenu en début de semaine. Ténor de l’équipe, sa disparition rappelle à quel point ce lounge/cabaret a laissé une trace indélébile dans le paysage musical tananarivien.
Il fait partie de ces lieux, dans le monde de l’art, qui ont réussi à créer les moments inoubliables de leur époque, à l’instar de Green Note, Rockaholic, Milla, New Morning… C’est au début des années 2010, perché à mi-hauteur dans la capitale, plus précisément dans le quartier d’Ambatonakanga, que le lounge vivait ses années fastes. Le Pub a marqué toute une génération, toute une décennie. On parle aujourd’hui « de génération Le Pub ». Quelques années après sa fermeture, il se présente désormais comme étant un véritable repère culturel. Pour preuve, presque tous les artistes malgaches en devenir, d’envergure nationale et internationale, y ont fourbi leurs armes.
Pour Ony Tee Ratsimamanga, devenu manager événementiel, Le Pub est né d’une prise de risque. « En 2009, c’était encore un endroit dédié au clubbing et au karaoké. C’est à partir de 2011 que tout s’est mis en place avec un nouveau propriétaire, avec un concept de cabaret. Mais tout a vraiment changé quand le troisième propriétaire, Jean Luc Dherin, a débarqué. Au début, on s’est focalisés sur du jazz et du traditionnel. Et après, je voulais donner une chance aux nouveaux talents de pouvoir monter sur la scène. No Mady, The Dizzy Brain ont fait leurs premiers concerts chez nous. Sans Mario, je n’y serais pas arrivé ».

Spot culturel. A une époque de post–crise, attirer les noctambules avec du jazz et du traditionnel n’était pas vraiment une idée de génie. Mais la magie de la musique a opéré. La scène est devenue un véritable « must-show » auprès des groupes et artistes malgaches. Il est difficile de ne pas citer les noms de Princio, Doc Holliday, Arison vonjy, Pros’Hely Tselonina, Tovo Andrainandraina, Teta, Miary Lepiera, Njava, Jaojoby Eusède, Mage 4, D’gary, Mamy Bastah, Bekoto, Kazar, Mika et Davis, Fanaiky, Solo Andrianasolo, Baba de Madagascar, le privilégié… Rien que ça. Sans oublier que trois « event–manager » ont réussi à asseoir leur légende. Toky Raj, Ony Tee Ratsimamanga et Erick Rasoamiaramanana. Sans oublier les deux propriétaires successifs, Bernard Rondon et Jean Luc Dherin.
La nouvelle génération avait également sa place au Pub. Joël Rabesolo s’y sentait comme dans son jardin, tout comme Kougar, Martiora Freedom, Issik, Reggasy, One Lio, Lamtah, Stella Afro, Majestic Lion… « On avait mis en place une sélection de leur dossier. On s’est dit que chaque artiste avait une chance de réaliser un exploit scénique car s’il se rate… il n’aura pas de deuxième chance », précise Ony Tee Ratsimamanga, passé de DJ à maillon fort de l’organisation du Pub. On se souviendra du concert où le nombre de vedettes égalait celui des spectateurs lambdas, pour la prestation d’une pointure de la musique traditionnelle malgache. Beaucoup de souvenirs et de moments uniques.
Maminirina Rado