
Après un long silence sur les recherches menées par l’Institut malgache de recherches appliquées (IMRA) sur un remède « miracle » à la covid-19, la communauté scientifique fait une sortie fracassante.
Tantôt c’est un médicament, tantôt ce n’est ni plus ni moins qu’une tisane utilisée par 90% des Malgaches, et ce, depuis des lustres. Le « Covid-Organics » continue de faire parler. Les politiciens, les simples citoyens mais également la communauté scientifique se sont lancés dans des débats à propos de son efficacité et de sa fiabilité. La sortie – fracassante – de la communauté scientifique en a surpris plus d’un. Une initiative qui n’aurait pas dû avoir lieu d’après une source concordante, étant donné que « le protocole d’étude de la tisane dans le but d’une utilisation éthique de soin a reçu l’autorisation avec révision mineure du comité d’éthique et de la recherche biomédicale de l’Académie malgache de médecine ». Ce que le Dr Andriantsoa Jean Rubis, président du comité éthique et de la recherche et secrétaire perpétuel de l’Académie de médecine, confirme en citant l’article 7 portant sur la création du comité d’éthique et de la recherche biomédicale. Notre interlocuteur de noter qu’« aucune recherche ne peut être menée sans l’autorisation du comité éthique et de la recherche biomédicale. Une validation doit se faire sous la tutelle du ministère de la Santé publique ». L’autorisation témoignerait donc de l’intérêt de ladite communauté pour l’entreprise initiée par le président de la République. Si l’Académie nationale de médecine et des chercheurs malgaches ont donc donné leur validation quant à la poursuite des études, l’on se demande pourquoi elle se dit être « inquiète ».
Pistes. Notre source, qui a préféré taire son nom, avance que « l’insistance, aussi bien par la Présidence que par le directeur général de l’IMRA, sur l’aspect curatif du ‘Covid-Organics’ » pourrait être la cause de la position de l’Académie nationale de médecine et des chercheurs malgaches. « Nous forçons un peu sur les doses et la posologie. Une démarche effectuée lorsque l’on prescrit un médicament dans le but d’un traitement curatif », note notre source. Avant d’interpeller : « L’autorisation du comité éthique et de la recherche a été donnée dans le but de produire une tisane à titre préventif. Pourquoi insiste-t-on sur le curatif et pourquoi forcer les gens à prendre les doses prescrites par des personnes qui ne sont même pas issues de la profession médicale ». Propos qui rejoignent ce qui est écrit dans le communiqué relatant la déclaration de l’Académie nationale de médecine : « (…) la loi malgache stipule que seuls les professionnels de santé au sein de formations sanitaires et non de structures administratives sont habilités à distribuer des médicaments ». Interrogé sur la question, le Dr Andriantsoa Jean Rubis de conclure qu’« un point de presse sur les tenants et aboutissants de la déclaration sera effectué demain (ce jour, ndlr). L’événement sera l’occasion pour les chercheurs et les présidents d’ordres d’apporter des explications sur le fond de la déclaration ». Une chose est sûre quant à la déclaration de l’Académie nationale de médecine, elle attire l’attention sur la question d’éthique en matière d’expérimentation sur l’Homme.
José Belalahy