La richesse et la beauté de la nature sont en décadence à Maromizaha Andasibe ! Les exploitations illicites de ressources forestières y font d’énormes dégâts, malgré la protection. La situation s’aggrave, avec l’implication des immigrants et de certaines hautes personnalités.
60 ha sur les 1 800 ha de la forêt de Maromizaha, région Alaotra Mangoro, ont été rasés lors du dernier inventaire réalisé en fin 2013. Aujourd’hui, les dégâts sont évalués à trois fois plus importants, après seulement six mois d’exploitation abusive. La situation est critique, selon le GERP (Groupe d’étude et de recherche sur les primates de Madagascar), qui a annoncé que la forêt de Maromizaha disparaîtra dans dix ans, si aucune mesure n’est prise pour stopper les exploitations illicites. « La destruction de la forêt a commencé à avoir de l’ampleur en 2009, début de la crise. Pour mieux protéger les forêts, on a déjà transféré la gestion aux communautés locales, aux ONG, et aux organisations de la société civile, avec l’appui des bailleurs. Pour Maromizaha, la gestion est assurée par le GERP avec la communauté locale. Un programme de compensation a été lancé pour inciter les habitants locaux à faire d’autres activités génératrices de revenu, qui ne nuisent pas aux forêts. Le problème est que de nombreux immigrants sont arrivés. La plupart viennent juste pour exploiter les ressources forestières », a affirmé José Ralison, coordinateur technique du GERP, lors d’une descente sur les lieux, effectuée avec la presse et les autorités locales.
Gros-bonnets. Outre les immigrants, même certains membres de la communauté locale se lancent dans l’exploitation illicite, payés par les vrais malfaiteurs. Comme à l’accoutumée, ce sont toujours ces petits salariés qui sont surpris et punis. Lors de la descente de la semaine dernière, trois individus ont été surpris en train de couper de vieux arbres et dans l’intention de produire du charbon de bois. L’un d’eux a réussi à s’enfuir, et les deux autres ont été interceptés par les gardes forestiers. Après avoir été questionné par Ismael Abdoul Kader, maire d’Andasibe, l’ainé des deux frères forbans a fourni des informations. « La plupart des habitants au bord de la route nationale participent à cette déforestation, avec la production de charbon de bois. Personnellement, j’ai été envoyé dans cette forêt par mon beau-père. C’est lui qui a coupé les arbres et moi, j’étais chargé de les transformer en charbon. Je savais que c’est interdit, mais il semble que tout le monde le fait », a confié le jeune homme de 24 ans, encore inconscient de la gravité de la situation. Par ailleurs, le sage « tangalamena » de la zone a noté que les exploitants illicites de bois sont souvent des mercenaires envoyés par des gens puissants. Nous en reparlerons.
Antsa R.
