Il y a environ 3 mois, Madagascar a fait face, comme le reste du monde, au coronavirus. Une pandémie qui a mis à mal de nombreux secteurs, l’éducation en première ligne.
Impact du Covid-19 sur le secteur de l’éducation
Nombreuses sont les conséquences de l’arrivée du coronavirus pour le domaine de l’éducation ; et ces effets, tous les protagonistes du secteur les ressentent. Les principales craintes se concentrent sur l’apprentissage. Avec les cours qui s’arrêtent, il est tout à fait normal que les apprenants aient en même temps arrêté d’emmagasiner les connaissances qu’ils auraient dues recevoir. Mais la plus grande crainte aujourd’hui, en plus de cet « arrêt » soudain, est la régression. Car moins on pratique, moins on se souvient. Hormis ce souci de taille, vient l’aspect financier. Un axe qui touche autant les parents que les établissements scolaires. Pour les premiers cités, le problème se pose sur le paiement des frais de scolarité à venir. Etant encore au centre de la crise, il n’est pas rare d’entendre les plaintes des parents qui se voient, en quelque sorte, contraints de payer écolages et autres droits pour garder leurs enfants dans une institution qui ne dispense pas de cours ; eux-mêmes ayant des difficultés pour leur subsistance en raison des fermetures de leurs lieux de travail, des restrictions de personnels et autres. Dans le pire des cas, pour la prochaine année scolaire, on est en droit d’attendre une croissance du taux de déscolarisation. Une hausse ayant pour cause ce manque de moyens ou encore la nécessité pour certains foyers de rajouter des bras pour ramener du pain à la maison. Enfin, étant intimement liés à la « vie » des ménages qui scolarisent leurs enfants, les établissements scolaires, surtout privés et tous ceux qui dépendent d’eux (enseignants, administration, logistique, etc.) se trouvent fragilisés en ces temps de crise. Pour pallier ces soucis, le Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et professionnel (MENETP) et le Gouvernement ont mis en place des dispositifs déclinés en 3 axes ; à savoir : répondre immédiatement à l’arrêt des services éducatifs pour assurer la continuité de l’apprentissage ; préparer la réouverture des établissements ; et renforcer les capacités de réponse du système éducatif aux crises.
Réponse face à l’arrêt des services éducatifs
La réponse du gouvernement face à l’arrêt des services éducatifs ne s’est pas faite attendre. Dès la décision de fermeture des établissements scolaires le 20 mars 2020, le MENETP a lancé différents programmes pour assurer la continuité éducative pour les élèves. Différents canaux (radiophonique, télévisuel, digital, etc.) ont été ainsi sollicités afin de poursuivre l’enseignement. 720 émissions radiophoniques et télévisuelles couvrant tous les niveaux pour l’année scolaire 2019-2020, et 660 autres pour l’année scolaire 2020-2021 sont prévues à être diffusées. Des livrets d’apprentissage pour le collège sont également en cours de dispatching au niveau des CISCO. Le Ministère s’est doté d’un studio de production afin d’assurer la réalisation des émissions diffusées sur la chaîne nationale et quelques chaînes privées. Un ensemble d’outils qui serviront au secteur de l’éducation pour les nombreuses années à venir.
Outre la continuité de l’apprentissage pour les enfants, la préservation de la situation financière des enseignants et la coordination des services éducatifs au sein du ministère ont eux aussi, eu droit à des dispositions spécifiques. 56 250 enseignants non-subventionnés bénéficieront d’une aide spéciale selon notre source. Un groupe de travail baptisé « Task Force » a lui aussi vu le jour durant cette crise sanitaire. Il est chargé d’assurer la coordination des actions du ministère et les appuis des partenaires techniques et financiers.
La question de la réouverture des établissements
C’est le sujet qui inquiète le plus en ce moment : la reprise des services éducatifs et le retour en classe des enfants. Les mesures adoptées par le ministère concernent avant tout le renforcement des conditions sanitaires et d’hygiène des établissements. Le service de santé scolaire du ministère a donc été chargé de mener des campagnes de nettoyage et de désinfection des établissements scolaires publics et privés depuis la réouverture de ces derniers. Des dispositifs de lavage de mains sans contact, deux kits de base (thermomètres, gants, masques) sont remis à chaque école et un kit d’hygiène composé de masque et de savon est offert à chaque élève. En tout, ce seront 35 000 écoles qui en bénéficieront.
Par ailleurs, les écoles primaires et les collèges publics seront également dotés de suppléments caisse école primaire dans le but de permettre aux FEFFI (Farimbon’Ezaka ho Fahombiazan’ny Fanabeazana eny Ifotony) d’élargir leur champ d’activités éligible dans la réponse aux effets de la Covid-19. Ce supplément est à hauteur de 40 centimes d’USD par élève issu d’une école primaire publique (3,7 millions enfants) et du collège (636 630 enfants). 10 000 tablettes incluant des ressources pédagogiques seront remises aux écoles en zone enclavée à raison de deux par établissement. 10 000 enseignants seront formés sur l’exploitation de ces ressources ainsi que sur l’utilisation d’une plateforme numérique créée par le ministère. Au niveau de 1 680 ZAP, des dialogues communautaires seront mis sur pied afin de renforcer les campagnes « retour à l’école ».
A l’heure actuelle, la reprise des classes pour les classes intermédiaires n’est pas encore prévue « tout dépendra de l’évolution de la maladie » nous a affirmé notre source. « Cette décision n’incombe pas uniquement au ministère même si différents scénarios sont déjà en cours d’étude avec tous les responsables » a-t-il expliqué. Par contre, les élèves en classe d’examen passeront les épreuves des examens officiels malgré une date légèrement repoussée. L’objectif reste le même : faire en sorte qu’il n’y ait pas d’année blanche pour cette année scolaire 2019-2020.
Financement
Tous les programmes cités précédemment et bien d’autres encore non mentionnés ont pu être réalisés grâce à un financement des bailleurs à hauteur de 14,75 millions d’USD. Depuis peu, un financement additionnel d’une valeur de 19 millions d’USD et un financement accéléré de 13 millions d’USD sont en cours de négociation nous a confié un responsable au niveau du MENETP. Le premier va servir à la formation de 27 000 enseignants supplémentaires ; à la construction communautaire de 50 écoles ; à l’élaboration, publication et distribution de manuels de l’élève, des guides de l’enseignant et d’autres supports pédagogiques et didactiques pour les classes de primaire dans les 22 régions. ; mais aussi pour constituer un fonds mobilisable. Le financement accéléré d’un montant de 12,3 millions d’USD quant à lui sera mobilisable pour les interventions d’urgence et pour faire face aux aléas. Il permettra d’appuyer le gouvernement dans la préparation à la réponse aux crises : acquisition de matériels roulants, construction de magasins de stockage, sécurisation des écoles et des élèves (multi aléas) surtout pour les circonscriptions les plus vulnérables.
Une leçon pour l’avenir
Inutile de dire que le monde a été surpris par l’arrivée de cette maladie et de ses retombées. Son apparition, loin d’être bénéfique, aura tout de même permis de mettre en place les dispositifs pour une éventuelle situation similaire. Tout en espérant que les déployer ne soit jamais plus nécessaire.
Dossier réalisé par Anja RANDRIAMAHEFA. (Source : Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et professionnel).