
SAID MZE Tadjidine. Délégué aux Droits de l’Homme, il a ses « maux » à dire sur la situation aux Comores. Interview.
Midi Madagasikara : Quelle est la situation aux Comores ?
SAID MZE Tadjidine : « Le Colonel Azali Assoumani est loin de réussir son coup en 2021. Aux Comores, la dictature fait pire que le coronavirus. Il suffit d’un oui ou non pour que l’armée comorienne intervienne et fasse le sale boulot. La société civile et la diaspora comoriennes s’inquiètent de la situation qui prévaut en Union des Comores où les affaires de la répression brutale s’abattent sur une population sans défense ».
Midi : Pouvez-vous citer des exemples concrets ?
S.M. T : « On parle aujourd’hui de tortures, de traitements cruels et inhumains, d’exécutions extrajudiciaires et sommaires … etc. On enregistre plusieurs morts suite aux événements de Mutsamudu en 2018 et s’ajoutent d’autres morts le 28 mars 2019, sans oublier le jeune basketteur d’Iconi qui fut tué tragiquement d’une balle perdue ».
Midi : Que fait la justice devant tout ça ?
S.M.T : « Malgré tout ça, il n’y a jamais eu de procédure judiciaire entamée contre les auteurs de ces crimes. Le journaliste Abdallah Agwa et ses collègues ne cessent de faire le va-et-vient en prison et cela depuis le début de la dictature aux Comores. Sans parler des arrestations arbitraires de l’ancien président Sambi, du gouverneur Abdou Salami de l’Ile d’Anjouan, et bien d’autres qui n’ont toujours pas fait l’objet de jugement ».
Midi : Dans quel état se trouve l’ancien président que vous venez de nommer ?
S.M.T : « Sa santé s’est considérablement dégradée. Il est privé de soins. Ce qui est ni plus ni moins que de la maltraitance, voire de la non assistance à une personne en danger. En Union des Comores, le régime du Colonel Azali est en train de commettre les pires atrocités en matière de non respect des Droits de l’Homme que le pays n’ait jamais connues. Les arrestations, les résidences surveillées et les mises en cause fallacieuses de citoyens, au mépris de toutes les règles juridiques, nationales et internationales, sont monnaie courante en Union des Comores ».
Midi : Que dit la Constitution comorienne ?
M.Z.T : « Les pratiques actuelles aux Comores ne reflètent pas la pensée des philosophes de lumière qui ont beaucoup œuvré pour que les Droits de l’Homme puissent être un modèle partout dans le monde mais pas tout simplement un luxe occidental. Leur respect doit être universel. Les îles Comores en intégrant dans leur Constitution les principes universels attachés à la personne humaine notamment la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789, se sont engagées à donner à l’être humain sa dignité et son respect. C’est un principe qui a perduré depuis l’indépendance en 1975 ».
Midi : Qu’en est-il aujourd’hui ?
M.Z.T : « Avec le président Azali, on constate une dégradation considérable de ces valeurs universelles. Tout a commencé en 2016, avec son arrivée au pouvoir par la voie des urnes. Soulignons que le Colonel Azali est un ancien putschiste (30/04/1999) qui veut absolument s’éterniser à la tête des Comores ».
Propos recueillis par R.O
D’après Mr SAID MZE Tadjidine délégué aux Droits de l’homme