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jeudi, juillet 3, 2025
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Nostalgie : « 14 juillet 1989 – 14 juillet 2014 »

Il y a exactement 30 ans, jour pour jour, un stagiaire malgache, nommé Julien Rakotonaivo, au centre International de Journalisme, 33, Rue de Louvres à PARIS, avait choisi d’être présent sur les Champs-Elysées, à l’occasion du 14 juillet 1989, pour effectuer une sorte « d’exercice pratique », en matière de reportage. Le « Papier » qu’il avait fourni à ce propos, lui a valu les éloges de ses encadreurs du Centre. Patrice RABE

14 JUILLET 1989 – « IMAGES ET IMPRESSIONS »

Je rêvais d’un soleil « d’Austerlitz » ! D’une éblouissante apothéose où les accents de la Marseillaise feraient vibrer tous les cœurs. Où les oriflammes claqueraient au vent de la liberté ! Où le souffle de l’Histoire ferait frémir les êtres et les choses…

« 14 juillet à Paris, sur les Champs-Elysées »!

A mon départ de Dago, je me suis juré d’en faire le « temps fort » de mon séjour en France, où je viens pour la première fois. Mais les images d’Epinal ont fait leur temps. En cette année de grâce 1984, la réalité est tout autre. Mais on ne perd pas forcément au change…

« Il y a toujours de la m… ». Samedi 14 juillet, 9h15. Porte d’Orléans. Affluence record dans le métro. Je consulte mon plan : descendre à Montparnasse, puis prendre la correspondance direction Pont-de-Neuilly, descendre à la station Franklin-Roosevelt pour déboucher sur les Champs-Elysées. J’essaie de rassembler mes souvenirs historiques. Station Raspail : Benjamin Raspail. Député qui a proposé que le 14 juillet soit désormais la fête nationale française. Projet de loi adopté en 1880. Le 14 juillet, fête nationale a 104 ans… Puis dans le lot, quand je parcours à rebours les réminiscences « classiques »: 14 juillet 1789 : RIEN (carnet intime de Louis XVI).

14 juillet 1789 : Le Duc de La Rochefoucault-Liancourt : « Sire, les Parisiens viennent de prendre la Bastille ». Louis XVI : « C’est donc une révolte ». Le Duc de la

Rochefoucault-Liancourt : « Non, Sire ! c’est une REVOLUTION ! »

Toutes ces répliques immortelles dansent dans ma tête, sur un fond sonore de « Ça ira ! » que je sifflote machinalement. « Conditionnement de la télévision qui parle tout le temps de ça ces derniers jours ».

9h55 : Station Roosvelt « Mesdames, Messieurs, la station est fermée! » Remous dans la cohue. Cris! Protestations ! La foule s’agglutine devant la grille. « C’est comme ça qu’on fait tomber les bastilles ! ». Puis on ouvre brusquement la grille « Dépêchez-vous, car en principe c’est interdit « .

Enfin les Champs-Elysées ! Ciel bas. Temps gris et incertain. Diable ! que le vent est frisquet. Où sont les chaudes journées thermidoriennes?…

Une dame accepte de me laisser me faufiler au premier rang, à condition que je surveille son petit Didier qu’elle ne peut plus tenir longtemps dans ses bras.

Les oriflammes pendouillent tristement le long des réverbères. Nul soleil d’Austerlitz pour les faire briller. Nul souffle de l’Histoire pour les faire claquer.

Je consulte le programme qui indique : 10h.

M. Mitterrand passe en revue les troupes ».Mais il est 10h04 ! Toujours rien.

« Mitterrand, son nœud de cravate, il ne l’a pas réussi… Comme le reste d’ailleurs. C’est pourquoi, il nous fait attendre », remarque le monsieur juste devant moi… Un sujet de sa Gracieuse Majesté, avec son babil nasillard, ainsi qu’un citoyen d’Outre-Rhin, si j’en juge par les accents rauques et gutturaux de son langage, doivent également penser quelque chose d’identique…

10h06 : Rutilante cavalcade, cimiers scintillants. Chevaux splendides piaffant dans le froid de cette journée maussade. Le Président de la République – debout dans un command-car à côté du gouverneur militaire de Paris passe à notre hauteur. »Didier, agite ton petit drapeau« .
Cambronne était présent. Flashes. Cliquetis de quelques appareils. C’est très beau ! Et cette musique ! Mais si elle fait vibrer les cœurs ! Ah ce 14 juillet ! Je m’en souviendrai. Des sifflements ! Des « hou!hou ! » hostiles. Mais François Mitterrand, plus « force tranquille » que jamais est déjà loin…

Mais tout de suite, après le passage du cortège présidentiel, la « plus belle avenue du monde », la « voie royale de la République », est jonchée de crottes fumantes …témoins du passage du régiment de la Garde Républicaine.

« Sur son passage, il y a  toujours de la m... » commente mon Français gouailleur, ironique, en somme bon enfant, qui n’a pas résisté à l’envie de faire un bon mot, manifestement apprécié par ses voisins.

Sur les Champs-Elysées, Cambronne aussi était présent.

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