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samedi, juillet 5, 2025
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Patrimoine : Le « rija », un héritage des immortels du Betsileo

L’Isandra, une terre de pierres et de massifs

Peu connu, peu révélé, le « Rija » est un genre musical traditionnel issu des siècles de formation du royaume d’Isandra sur les terres du groupe humain Betsileo. Son histoire remonterait très loin, du temps des Iarivo, des « Tompontany »…

Le « rija », communément appelé bien plus tard « Horija Betsileo », serait né dans l’Isandra, un ancien royaume de la région Amoron’i Mania. Il s’agit d’un carrefour historique ayant abrité des vagues successives largement étalées dans le temps, où la tradition orale a entremêlé la présence de « Hova Merina », des nobles arabisés, et des Vazimba.

C’est dans le fief de Ralambo, ou Ralambovitao, un roi conquérant vers le 18ème siècle, que cette tradition musicale pratiquée encore aujourd’hui est née. Au 21ème siècle, cette zone géographique est plutôt réputée pour le « Zafindraony », un chant habituellement en a capella. Cependant, les différents groupes migrants ont laissé des traces, dont la source du « Isa ». L’aïeul du « Rija » a donc été le « Isa », un style chanté en a cappella également.

Au fil du temps, les pratiquants ont ajouté des clappements de mains. Le « kidodo » a ensuite été introduit. Après, du nom de « rija », il a été communément appelé le « Horija ». Un style moderne assimilé des dynasties plus tard par des groupes utilisant les instruments électroniques. Les noms les plus réputés de ce genre musical du temps des cassettes et CD restent Jean Emilien, Raprôsy… De véritables patrimoines, immortels et vivants, à Fianarantsoa et ses alentours.

Avant eux, les Edouard Razafilahy et Alphonse Rakoto, toujours vivants mais atteints de cécité, ont été des aînés incontournables. Des virtuoses et « stars » locaux du temps de la première République. Grâce à eux, la tradition a été respectée. Le genre a encore été pratiqué avec ses sonorités les plus proches de l’originel. Actuellement, rares sont les groupes à avoir réussi à garder cette sensibilité ancestrale. L’« Horija » subit un métissage inévitable.

Jean Emilien, un des gardiens de l’« Horija » aujourd’hui parmi les immortels.

Le génie Rabeniandro. Des villages comme Talatanampano, Befeta et d’autres encore continuent de garder la flamme du « Rija ». Sans doute, au grand bonheur de Rabeniandro d’Isandra. C’est encore la tradition orale qui remonte l’existence de ce génie du temps des premiers royaumes. C’est lui qui aurait introduit le « jejy voatavo » au « Isa », donnant ainsi le nom de « Rija ». Son style était une nouveauté à l’époque, dont la renommée a traversé les siècles.

Un dicton lui a même survécu, « Ny salamanga dia Rabeniandro no tiana ho hita », ou « Le Salamanga, c’est plutôt pour venir voir Rabeniandro ». Puisque le fameux ancêtre était un « mpandrombo », musicien des rituels du « bilo » ou « salamanga », il s’agit de rites sacrés de possession entre l’oracle et la divination. Cependant, les prouesses du musicien ont fait que les gens venaient assister aux cérémonies rien que pour écouter le virtuose Rabeniandro.

L’oralité a traversé le temps de l’Isandra, du « Rija » et de toute la région du groupe humain Betsileo, marquant la richesse historique de ce genre musical et la codification qui l’accompagne.

Maminirina Rado/Zo Toniaina

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