Face aux suspicions récurrentes sur la sincérité des données fournies, la Banque Mondiale a décidé de suspendre provisoirement la publication du rapport Doing Business
« Un certain nombre d’irrégularités ont été signalées concernant des modifications de données dans les rapports Doing Business 2018 et Doing Business 2020, publiés en octobre 2017 et 2019 ». C’est ce qu’a notamment déclaré la Banque Mondiale dans un communiqué publié jeudi dernier. Le temps donc pour cette institution de Bretton Woods d’examiner et de rectifier les irrégularités signalées dans les données antérieures.
Publication phare
Doing Business, une publication phare du Groupe de la Banque mondiale est une série de rapports annuels mesurant les réglementations favorables et défavorables à l’activité commerciale. Il présente des indicateurs quantitatifs sur la réglementation des affaires ainsi que sur la protection des droits de propriété de 190 économies. Doing Business mesure les réglementations concernant 12 domaines du cycle de vie d’une entreprise. Dix de ces domaines sont inclus dans le score et le classement sur la facilité de faire des affaires : création d’entreprise, l’obtention d’un permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention de prêts, protection des investisseurs minoritaires, paiement des taxes et impôts, commerce transfrontalier, exécution des contrats et règlement de l’insolvabilité. Doing Business mesure également la réglementation du marché du travail et la passation des marchés public. Ces domaines ne sont pas inclus dans le score et le classement sur la facilité de faire des affaires.
Critiques
Même s’il est plébiscité par de nombreux pays comme un indicateur probant de leur attractivité économique, le rapport fait également l’objet d’un certain nombre de critiques. Notamment de la part d’anciens économistes de l’institution comme Kaushik Basu qui avait admis que « Doing Business a tous les ingrédients pour être à la fois important et controversé, ce qu’il n’a manqué pas d’être », Avant sa démission en janvier 2015, un autre économiste en chef de la Banque mondiale, l’Américain Paul Romer avait mis l’organisation dans l’embarras en s’interrogeant notamment sur l’intégrité du rapport. Pour l’éminent économiste, des biais méthodologiques et les modèles adoptés affectaient les performances de certains Etats. Par ailleurs, le rapport est attaqué par des organisations de la société civile qui l’accusent de pousser les pays africains à alléger la réglementation afin de favoriser l’implantation des multinationales. En Afrique notamment, nombreux sont les pays qui font tout pour être en bonne place dans le classement Doing Business. Le Togo, le Nigeria, le Congo et la Côte d’Ivoire ont par exemple mis en place des cellules spéciales pour bâtir des stratégies et adapter la législation en matière de climat des affaires, dans le but de satisfaire aux critères du Doing Business.
Régression
En ce qui concerne Madagascar, le rapport Doing Business 2020 fait état d’une régression du climat des affaires sur certains points. « Madagascar est classé à la 161e place sur 190 pays. Le score de la facilité de faire des affaires s’est légèrement régressé : de 48.84 dans le rapport 2019 à 47.7 dans le rapport Doing Business 2020 », lit-on notamment dans ce rapport. Ce qui ne veut, pour autant pas dire que rien n’a été fait pour améliorer les conditions d’investissements à Madagascar. « Une réforme majeure a été enregistrée, à savoir plus d’informations partagées publiquement par les tribunaux de commerce », précise le rapport qui remarque cependant que le délai d’exécution de certaines réformes n’a pas été respecté. Notons que la Banque mondiale soutient les efforts fournis par le autorités pour l’amélioration du climat des affaires à Madagascar. L’objectif étant de rattraper le retard et de se mettre au rythme de certains pays africains où des progrès significatifs sont enregistrés.
R.Edmond.