Lauréat d’une compétition musicale organisée par une télé privée de la capitale, Nathan Gabri est désormais son propre patron en créant son propre Label. Auteur, compositeur, interprète, ce jeune homme est une nouvelle étoile de la musique urbaine à Madagascar. Sa voix rocailleuse et ses mélodies tantôt conscientisant , tantôt animatrices lui ont permis de devancer les artistes de son âge.
Interviewé par l’équipe de Midi Madagasikara, Nathan Gabri trace son parcours musical.
MidiMadagasikara. Votre premier contact avec la musique datait en quelle année ?
Nathan Gabri. J’avoue, quand j’étais tout petit, la musique ne m’intéressait pas du tout. Mais en CM2, tout a changé. Mes potes faisaient du rap en freestyle après les cours avec un djembé. C’est là que j’ai commencé, j’étais vraiment nul et on se moquait de moi de temps en temps (je n’écrivais pas, je me lançais juste avec des rimes aléatoires) mais cela m’a forgé. Puis, en classe de cinquième, j’ai voulu produire de la musique et créer des beats comme le faisait les étrangers. Du coup je prenais l’ordinateur de ma mère en cachette pour m’exercer (Au départ c’était dur, vu que personne ne m’a appris comment faire). J’ai utilisé virtual dj à l’époque pour boucler les instrumentales. Plus le temps passe, plus mon amour pour la musique devient sérieux. J’ai commencé à faire chanter les gens du quartier (sans micro professionnel, juste avec le micro de l’ordinateur de ma maman). Je ne savais même pas mixer.
- Quelle était la réaction de vos parents en sachant que la musique était votre passion ?
Nathan Gabri. Ma mère a su que je faisais de la musique et elle m’a dit : « Mon petit, la musique n’est pas une carrière, c’est un hobby alors fais gaffe à toi et étudies bien à l’école. Si tu me promets de bien étudier, je t’achèterai un micro). À ce moment précis, j’ai pris mon cahier et hop, études… Bref, en classe de quatrième, je commençais à publier mes compos sur facebook et YouTube… J’étais comme tous les jeunes à l’époque, j’avais mon blog et tout.
- A présent, votre Studio Tents record est l’une des maisons fréquentées par les jeunes artistes. Comment était votre parcours ?
Nathan Gabri. Puis j’ai eu mon micro (sans fil), j’ai consacré mon temps à composer et à produire.
Puis en terminale, avec mes amis, on a créé un groupe qui s’appelait CWAMAH YOUNG LABEL (à Majunga même), il y avait au moins 10 personnes dans ce groupe et tout allait bien. Mais après mon bac, je suis allé à Tana et vu que j’étais le Leader, le groupe a cessé de fonctionner. Arrivé à Tana, je continuais mes prods tranquille dans ma chambre, j’ai acheté une carte son et un micro phantom, ça faisait le taf. Je regardais des tutoriels et des astuces sur internet pour avoir de bonnes bases. Et voilà, voilà… Mes chansons commençaient à passer.
- Vous avez participé à une compétition musicale il y a deux ans. Étiez-vous sûr à l’époque que vous allez être parmi les gagnants ?
Nathan Gabri. On était à table en famille, le pub passait à la télé. J’ai rien compris, j’ai cru que c’était un concours où 5 personnes qui forment un groupe iront affronter 5 autres personnes, alors on a créé un groupe vite fait avec mes potes et on s’est inscrit et c’est là qu’on a capté. Les 3 autres ont refusé de participer et seulement Fab’s Brownz et moi étions inscrits. On a passé l’audition ensemble, on a réussi puis avant le prime 1, il a été recalé. J’étais triste mais je me suis dit : Tu vas l’avoir. Beaucoup de personnes m’ont critiqué et rabaissé, ils m’ont même traité de tous les noms, certaines ont même dit que j’ai acheté les jurys mais j’avançais toujours, je ne les calculais pas. Heureusement, en finale, le regard des gens ont changé et ils ont eu confiance en moi car j’ai tout donné pour prouver que j’avais quand même du potentiel. Puis on a fait l’album en France, on a fait des concerts un peu partout (genre star tour avec plus de 3.000 personnes). C’était bien.
- Vous collaborez souvent avec Aashna Tess, la jeune étoile de Madagascar. Comment vous vous êtes rencontrés ?
Nathan Gabri. Oashna Tess c’est ma petite soeur adorée. C’est la fille de Shao Boana et Queen. On n’a pas les mêmes parents mais c’est ma sœur. Depuis qu’elle est toute petite je prenais bien soin d’elle, je lui ai fait chanter quand elle avait à peine 15 ans et on a aimé cela puis elle a fait pazzapa, elle a chanté avec big MJ.
- Vos paroles sont un mélange entre la poésie et la réalité de la rue. Cette combinaison, est- elle exprès ou une simple inspiration ?
Nathan Gabri. J’ai deux façons pour m’y prendre. La première, c’est à l’ancienne. Je prends une feuille et un stylo puis j’écris ce qui me passe par la tête. Il n’y a pas d’endroit précis mais quand quelque chose me touche, j’écris (que ce soit personnelle ou ce que je vois quotidiennement ou ce que mes proches ou des inconnus ressentent… Parfois, j’invente). Si on m’oblige d’écrire quelque chose de profond, je pourrais le faire mais pas avec précision. Il faut que cela vienne de moi et de ma volonté. Puis j’invente une mélodie qui correspond à mes textes et hop, je crée « l’instru » et tout le reste. (Ça demande beaucoup de travail mais le résultat est inégalé)
Deuxième, c’est ce que font les artistes actuellement (la plupart). L’instru est déjà là, je fais mon topline (yaourt), en fait topline c’est la recherche mélodique qu’on va poser sur l’instru (là où on ne dit que nanani et nanana). Puis je prends mon téléphone et j’écris selon mon topline (en 30 minutes maxi), j’enregistre ma voix et le tour est joué. J’utilise surtout cette méthode sur les prods comme la dancehall, l’afrobeat.
Propos Recueillis par Z T/ I H/ M R