
Les impacts de la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19 pèsent de plus en plus lourd pour le secteur privé. Alors que les opérateurs économiques de chaque secteur et de chaque filière ont explicité leurs difficultés respectives dans l’espoir d’obtenir le soutien de l’Etat, les mesures d’appui excluent la majorité. Parmi les premiers qui ont bénéficié du soutien de l’Etat figurent les investisseurs étrangers qui opèrent dans les zones franches, les opérateurs dans le secteur du tourisme et du transport aérien. Les opérateurs du secteur du transport terrestre, notamment de la zone nationale ont espéré avoir la même faveur mais n’ont rien gagné jusqu’ici, d’après un témoignage. « On compte au moins trois métiers dans ce secteur. D’abord les propriétaires de véhicules qui prennent le risque d’investir en empruntant de l’argent auprès des banques ou de la microfinance. La plupart des véhicules utilisés dans le transport de personnes sont sous gage et ce sont les recettes de l’activité qui permettent d’assurer le remboursement, en marge des autres dépenses. Ensuite, il y a les chauffeurs, puis les guichetiers. Toutes ces personnes n’ont eu aucun revenu durant le confinement, tout comme les opérateurs du tourisme… La différence est que ces opérateurs du tourisme bénéficient du soutien de l’Etat », nous a confié Victor R., un transporteur qui s’est exprimé à la gare routière Andohatapenaka.
Vache à lait. Les transporteurs ne sont pas les seuls mécontents du manque de soutien de l’Etat. Les groupements d’entreprises se sont également exprimés sur le sujet. La majorité d’entre eux réclament des exonérations ou au moins des allègements fiscaux. Le FivMPAMA soutient même la nécessité d’une amnistie fiscale pour sauver les entreprises formelles de la faillite et permettre à ceux qui ne vont pas s’en sortir de pouvoir quitter dignement le circuit. En réponse à ces requêtes, cela fait des mois que le ministre en charge de l’Economie et des Finances, Richard Randriamandranto, laisse entendre qu’il faut que l’Etat trouve des financements pour le fonctionnement de la machine administrative et pour la réalisation du PEM (Plan Emergence de Madagascar), et que les recettes fiscales et douanières sont les principales ressources. Lors d’une descente à Toliara, il a déclaré qu’il n’y aura pas d’augmentation des taux d’imposition dans la loi de finances 2021. Une manière de faire comprendre qu’il n’y aura pas d’allègement ni d’exonération et que l’Etat fait déjà son possible pour ne pas alourdir les charges fiscales existantes des entreprises, malgré les besoins de financement de l’Etat. Cependant, des avantages fiscaux sont accordés, mais pas à tout le monde. Les artistes et les opérateurs économiques du secteur de l’événementiel s’ajoutent à la liste des privilégiés, si l’on se réfère à l’intervention du président Andry Rajoelina, dimanche dernier. D’après sa déclaration, ces acteurs bénéficieront d’allègements ou probablement d’exonérations fiscales pour l’organisation d’événements tels que les concerts. Outre ces avantages fiscaux, le président de la République a également évoqué la possibilité de gratuité pour l’utilisation des sites et salles de concert.
Antsa R.