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samedi, juillet 12, 2025
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Lanceurs d’alerte à Madagascar : Nécessaires mais dangereux

Les deux juristes, de gauche à droite Imbiki Herilaza et Ketakandriana Rafitoson, ont apporté leur concours à la journée internationale de la démocratie.

A l’occasion de la célébration de la journée internationale de la démocratie, Transparency International Initiative Madagascar (TI-MG) a invité quelques hauts responsables et des lanceurs d’alerte malgaches à débattre sur le sujet dans une émission diffusée directement en ligne hier matin.

Le débat a été suivi par une centaine d’internautes qui se sont grandement intéressés au sujet des lanceurs d’alerte et de la liberté d’expression à Madagascar, à en juger par le nombre des commentaires publiés sur la page Facebook de TI-MG durant toute l’émission. L’émission ayant été animée par le directeur exécutif de Transparency International Madagascar, Ketakandriana Rafitoson, les quelques intervenants, à savoir le secrétaire général du ministère de la Justice, Herilaza Imbiki, le directeur de la régulation des médias au sein du ministère de la Communication, Fetraniaina Mamimbahoaka, la journaliste Lova Rabary, l’enseignant représentant du groupement des syndicats de l’enseignement, Christian Tomarielson ou encore l’activiste Mbolatiana Raveloarimisa n’ont pas hésité à donner leurs différents points de vue sur les lois qui régissent le pays actuellement et le rôle du lanceur d’alerte dans la gestion du pays.

Qui est ce lanceur d’alerte ? Non, ce n’est pas juste celui qui crie au scandale, il serait bien plus que cela si l’on se réfère à ce qui a été dit lors de ce débat. A Madagascar, il serait sous la coupe des textes de lois et des lois de la société qui ne sont pas rédigées. Aussi, comme tout bon journaliste, il ne doit pas dénoncer sans détenir de preuves concrètes (l’art du recoupement), doit penser mûrement aux conséquences de ce qu’il dit, et surtout ne doit pas porter atteinte à la sûreté de l’Etat. « Cependant, il ne faut pas confondre sûreté d’un parti ou d’une personne avec sûreté de l’Etat », a tenu à préciser Lova Rabary dans son intervention. Et des lanceurs d’alerte, il n’y en a pas beaucoup localement en raison d’un passé très lié à l’emprisonnement de ceux qui osent dénoncer les injustices dans le système. Or, tout le monde s’est accordé à dire que ce « mpisintona lakolosy » est essentiel pour éveiller la population qui a encore du mal à trouver sa place dans cette société [Ndlr, précaire]. Le lanceur d’alerte serait donc celui qui collabore étroitement avec les autorités et les décideurs en vue d’améliorer le système et d’endiguer les formes de corruption.

Protégé ? Sur ce point, les réponses apportées par les intervenants n’ont pas été claires, pour ne pas dire que personne n’y a répondu de manière suffisamment compréhensible pour le grand public. Des représentants du Bianco, invités surprise à ce débat, ont tenté de mettre en exergue quelques textes de lois qui protègeraient le lanceur d’alerte malgache. De leur côté, les lanceurs d’alerte eux-mêmes ont dit que le réseautage international est en ce moment le seul recours possible pour se protéger d’éventuelles représailles. Cependant, il existerait quelques techniques utiles à tout apprenti lanceur d’alerte. Des techniques qui peuvent lui permettre d’éviter une poursuite en justice. Elles se trouveraient dans le code de la déontologie et de l’éthique du journaliste.

Précaire ? Certainement dans un pays où le système n’est pas encore bien défini à en juger par l’application des lois. Si, en Occident, quiconque proférant des insultes à l’endroit des dirigeants ou des personnes au pouvoir sur les réseaux sociaux ou en public ne s’inquiète nullement d’un emprisonnement, à Madagascar, c’est loin d’être le cas. Néanmoins, cela peut se comprendre vu la sensibilité de la société malgache et l’instabilité de notre système politique. Cela peut même être une piste afin de mettre au point un paysage médiatique correspondant aux valeurs de la population de la Grande île et à son histoire pour, peut-être, dans un jour meilleur, ne plus copier bêtement ce qui se fait ailleurs.

Anja RANDRIAMAHEFA

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