Vue d’Antananarivo, l’actualité nationale paraît très calme. Cependant, cette relative sérénité est trompeuse, car les problèmes surgissent de manière impromptue. La volonté du régime d’aller de l’avant génère certaines frustrations. Les décisions prises sont appliquées sans état d’âme par les exécutants. L’assainissement de la Capitale a laissé sur le carreau de nombreux propriétaires de boxes qui avaient pourtant passé un contrat avec la CUA de Lalao Ravalomanana. Des actions en justice ont été faites et c’est donc un statu quo pour le moment. L’équipe de Naina Andriantsitohaina a cependant fort à faire avec une partie du conseil municipal qui veut faire entendre sa voix. L’une des personnalités les plus fortes de cette équipe est Clémence Raharinirina, devant être jugée le 7 décembre pour une déclaration enregistrée en catimini lors d’une réunion à laquelle elle participait. On verra la suite qui lui sera donnée. Sur le plan politique, ce sont les sénatoriales qui occupent les esprits. Les candidats qui soutiennent le régime s’activent fiévreusement. Ces derniers devraient rafler la majorité des sièges, l’opposition ayant sciemment décidé de boycotter les élections. Dans la majorité présidentielle, on entend cependant des voix discordantes. Ceux qui veulent faire entendre leur différence ne veulent pas rentrer dans le rang. La passe d’armes entre l’un d’entre eux et une conseillère de la présidence n’est pas passée inaperçue. L’interpellation d’élus du Sud à propos de la situation dans laquelle leur région se trouve a aussi été remarquée. Le Kere continue de faire des ravages, et l’envoi médiatisé de produits alimentaires ne suffit pas. Une députée de la région parle d’une véritable catastrophe humanitaire.
La nouvelle la plus importante cette semaine sur le front de l’épidémie de Covid-19 est sans conteste l’annonce de la prochaine mise sur le marché d’un vaccin mis au point par deux laboratoires américain et allemand, Pfizer et BioNTech. Les chroniqueurs dans les médias audiovisuels ont relayés l’information avec force par des commentaires élogieux, mais les professionnels de la santé, tout en saluant l’annonce, ont préféré tempérer l’enthousiasme des uns et des autres. Le vaccin a été testé sur 45.000 personnes et le taux de réussite est de 90%, mais il est en à sa phase 3 avant d’être approuvé définitivement et sa production en chaîne va prendre du temps. D’autres laboratoires sont eux aussi sur le point d’aboutir à des résultats importants. En attendant, dans les pays où sévit la deuxième vague de l’épidémie, un protocole sanitaire strict est appliqué et un confinement ménagé est mis en place.
Aux États-Unis, la situation après l’élection présidentielle est, c’est le cas de le dire, ubuesque. Alors que le candidat démocrate dont la victoire est presque certaine tente tant bien que mal de préparer une transition apaisée, son adversaire et ses partisans ne veulent pas lâcher prise. Donald Trump comme un enfant têtu affirme qu’il n’est pas battu, et qu’il entamera son deuxième mandat le 20 janvier.
Madagascar vit plutôt bien l’après Covid-19, mais sa population n’est pas pour autant sortie de ses difficultés quotidiennes. Les défis auxquels est confronté le régime sont multiples, mais ils doivent être surmontés. Les Malgaches sont maintenant lucides et attendent de voir son action. Ils oscillent entre doute et espoir.
Patrice RABE