
Seules les 14 fillettes sur une quarantaine, toutes âgées de 9 à 14 ans, ont raconté leur malheur à la Plateforme, composée de 11 associations (ONG BelAvenir, Centre Vonjy, Natanael, Akama Salfa, Mondobibi, etc.), s’occupant de mineurs à Tuléar. Enfin les langues se sont déliées. Tatiana raconte : « le soir, un peu étourdis par l’alcool et la fumée de la drogue, ils nous ont amenés au bord de la mer, toutes nues, et ont profité de nous selon leurs quatre volontés ». En un mot : elles ont été abusées sexuellement et ont été victimes de viols collectifs et fréquents par des étrangers, en majorité des ressortissants français, habitants de Mangily (22 km au nord de Tuléar). Un couple de Malgaches recrutait les jeunes filles. Les pervers commandaient, de préférence, des pucelles. Le tarif pour ces vierges est très élevé. C’est le prix de la traite. Ainsi, toute nouvelle recrue et vierge est l’objet d’une attention particulière qui apprivoise les filles dès leur arrivée. Ensuite, elles sont réparties en groupe de cinq par les commanditaires. Une dame à Tuléar raconte que les filles font la queue pour être reçues par les “Vazaha”. Deux, trois fois par semaine, les retrouvailles s’organisent et la familiarisation trompeuse se déroule dans les chambres de ces étrangers.
Elles rêvent de se marier avec un “Vazaha”. Cette malheureuse activité subsiste depuis des années. Avec le confinement. Le phénomène s’est amplifié brusquement. Aucune fille maltraitée ne pipait mot car, au bout du compte, elle et ses congénères espèrent se marier avec leurs prédateurs. Donc, elles étaient prêtes à tout supporter pour pouvoir réaliser leur rêve. A Tuléar et ses environs, épouser un “Vazaha” est un honneur suprême et présume la fin de la misère. Ces pauvres filles sont, souvent, encouragées, par leurs propres parents dans cette perspective, aussi paradoxale que cela puisse paraître aux regards des gens bien pensants. Ainsi, la Plateforme ne peut pas rester les bras croisés et ne rien faire devant cette pratique honteuse qui piétinent le droit des enfants et bafouent les bonnes mœurs. Sentant la menace, les étrangers se sont vite ressaisis, et, ce faisant, ont vite fait de quitter Mangily et ont profité de la campagne de rapatriement officiel des ressortissants étrangers suite à la Covid-19 pour rentrer chez eux. Le Consulat général de France est alerté de l’infraction pénale. La chasse aux pédophiles est enclenchée. Il n’en reste plus beaucoup sur les dix-neuf (19) dans le collimateur de la gendarmerie de Mangily. Trois d’entre eux sont placés sous mandat de dépôt après une enquête préliminaire, ainsi que le proxénète. Les deux parties sont représentées par des avocats. La Plateforme des 11 associations espèrent la reconnaissance de la protection des mineures.
Charles RAZA