
Anjatiana Harimalala Andrianirina est une femme qui a une petite brasserie « Tinah Raf ». Elle commence à se faire connaître chez les amateurs de nectar des dieux, elle transforme le rhum artisanal en rhum arrangé avec des couleurs et des saveurs recherchées. D’autant plus, la boisson artisanale est maintenant légale, ouvrant de grandes perspectives. Elle a répondu à quelques questions pour discuter de cette nouvelle tendance qui gagne du terrain au pays.
Tout d’abord, pouvez-vous nous parlez de votre produit ?
Tinah Raf, « Raf » ça vient de mon mari, c’est une marque de rhum arrangé artisanal. Le projet a commencé un peu avant le début du confinement. Je travaillais comme commerciale dans une petite boite et le salaire était loin de couvrir nos charges et le travail de mon mari dépendait du tourisme. On n’espérait pas grand-chose de ce côté-là. Après la fermeture des frontières, on commençait à galérer un peu, au point de vendre mes collections « perso » de rhum arrangé fait maison à des proches. A ma grande surprise, ils en raffolaient. En même pas une semaine, mon stock était épuisé. C’est là qu’est venue l’idée de lancer le projet « Tinah Raf ». Nous avons fait une descente à Fandriana pour trouver la source du meilleur rhum. Nous avons ensuite profité de la descente pour rendre visite à un ami apiculteur qui nous a généreusement donné quarante litres de miel qu’on pouvait payer par tranche. « Tinah Raf » est une marque de rhum arrangé fait maison à base d’Ambodivoara et de miel d’eucalyptus.
Quelle est la base de votre fabrication ?
A ma façon, tout commence par l’amélioration du rhum. Pour ce faire, j’utilise soit de la vanille, soit de la cannelle, soit des zestes d’orange. C’est ce rhum que j’utilise après pour mes arrangements.
Je laisse macérer, lentement, au moins six mois avant d’ouvrir et de déguster. Avec d’autres petits commerces, on mettait un peu d’argent de côté pour acheter du rhum. On arrivait à rassembler entre quatre-vingt et cent litres d’Ambodivoara par mois. C’est ma tante qui nous les expédie directement de la source.
Pourquoi une macération d’au moins six mois ?
Pour le goût et le parfum. En six mois, on obtient la macération parfaite. Le rhum aura réussi à s’imprégner du goût et du parfum de la macération. On retrouve toujours le goût du rhum, mais bien amélioré.
Quelle est la gamme que vos clients préfèrent ?
Avant de lancer « Tinah Raf », j’avais déjà ces gammes pour ma collection personnelle. Et même plus… D’après mes premiers sondages, ce sont celles-ci que les gens aiment le plus, ou qui leur apporte des solutions. Le G.C.K – Jessica – par exemple, qui est le plus commandé, contient du gingembre, du cola et du « Katy ». A la fois un booster et un rhum aphrodisiaque qui aide dans bien des choses.

Comment choisissez-vous la matière première, c’est-à-dire le rhum qui se trouve à la base ?
Le choix du rhum, je le fais surtout par dégustation. Pour faire un bon rhum arrangé, il faut choisir du rhum facile à avaler, léger à la bouche, mais fort en alcool, dans les environs de cinquante degrés.
Si un client vous demande conseil sur l’occasion idéale pour déguster votre produit : en apéro, en digestif, entre amis, en couple ou encore en accompagnement. Que conseillerez-vous ?
Une chose que j’ai remarquée avec l’Ambodivoara, c’est qu’il rapproche les gens. Il se marie donc avec toutes les ambiances et toutes les compagnies. En accompagnement, je propose d’être généreux, surtout avec de la salade, des fruits et des grillades. Il ne faut pas se retenir, l’Ambodivoara stimule l’appétit.
En tant que femme brasseuse de rhum, avez-vous reçu des remarques désagréables ?
Non, pas du tout. Ou dans mon dos, je ne sais pas. Par contre je pense que ça choque moins les gens de nos jours, il y en a même qui m’achètent du rhum parce que je suis une femme. Complicité entre filles peut-être (Rires).
Vous avez rapidement sauté le pas de la vente aux connaissances, pour élargir votre clientèle… Est-ce que cela prouve que les Malgaches apprécient l’artisanal, le produit « made in Madagascar » et naturel ?
Oui, déjà on oublie les gueules de bois, c’est plus économique et surtout, je pense que c’est le fait que la vente se fait directement entre l’artisan et le consommateur.
Quel est le produit que votre mari apprécie le plus?
GCK, une évidence. (Rires)
Comment reconnaître un rhum arrangé fait avec du rhum traditionnel ?
A travers le goût, l’odeur, la façon de faire, le taux d’alcool. Tout d’abord il faut connaître le goût « nature ». « Ambodivoara », « Fahizay », « Ambatry », ou même les rhums manufacturés des types de rhum. Il y a plusieurs types de rhum artisanal à Madagascar. Presque, pour ne pas dire tous les groupes humains ont leur rhum artisanal.
Recueillis par Maminirina Rado