
Les premières décennies de la colonisation française à Madagascar sont marquées par un urbanisme d’État avec des grands travaux d’aménagement urbain. Afin d’exercer le réel contrôle sur les constructions, le pouvoir colonial a fait appel aux experts de l’aménagement urbain de l’époque pour une mission d’évaluation de l’état des lieux de la capitale, où se concentrent des édifices participants d’un « art urbain colonial ».
Entre 1920 et 1950, l’aspect de la ville d’Antananarivo change nettement, grâce à la réalisation du plan-programme d’aménagement et d’extension de la capitale. L’administration coloniale projette pour la plaine de la capitale différents projets urbains. L’aménagement de ces zones non accidentées permet de déployer les nouvelles conceptions urbanistiques qu’exige la modernisation d’une ville. Aucune réalisation n’est effectuée dans la partie ouest de la capitale, même celle-ci est beaucoup plus accessible et abritée des vents. Cependant, pour y édifier des établissements qui lui sont nécessaires comme le Palais de justice, le lycée de garçons, lycée de filles, l’école industrielle, le parc des expo, la cité d’habitation à bon marché et le commissariat de police du Ve arrondissement, la colonie a besoin de disposer de surfaces importantes de terrains plats. La mise en œuvre de ce programme d’urbanisme nécessite différentes mesures liées au remblaiement des rizières et marécages, l’aménagement de l’agglomération existante en vue de la systématisation des quartiers, de l’amélioration d’un «réseau circulatoire» et le travail d’assainissement qui doit s’associer à la réglementation des constructions privées.
Le renouvellement urbain nécessite la mobilisation des compétences métropolitaines. Un ingénieur spécialiste en urbanisme est ainsi envoyé afin d’étudier sur place, dans la capitale, un projet d’assainissement. Par la suite, le percement d’un tunnel à Ambohijatovo et le réseau d’égouts figurent dans la préoccupation de la municipalité pour les travaux d’urbanisme de la capitale. Mais d’autres chantiers déclarés d’utilité publique sont aussi mis en œuvre par l’administration locale. Ils couvrent aussi la construction d’ un marché couvert, d’ un hôtel de ville, l’aménagement des avenues d’accès du tunnel et le curage du lac Anosy, le remblaiement et le drainage de la plaine de Mahamasina et l’assainissement des marais bordant la ville d’Antananarivo à l’Est.
Il faut signaler aussi que le confort constitue surtout l’un des prérogatives de l’installation des agents coloniaux dans la Grande Ile, surtout dans la capitale. En effet, en mai 1930, l’administration coloniale met en œuvre la construction de la “Cité Jardin” et l’acquisition de deux immeubles pour logement de fonctionnaires de 1re catégorie et la construction d’un bâtiment pour la garde indigène.
Les projets d’urbanisme nécessitent effectivement différents dispositifs administratifs et financiers. Afin de faciliter la conduite des opérations d’aménagement urbain, le bureau des affaires municipales est créé par arrêté du 31 mai 1930. Cette structure est justement mandatée pour la mission de supervision et contrôle des vastes programmes d’urbanisme de la capitale. Pour la réalisation des projets coloniaux pour la ville d’Antananarivo, deux canaux de financement peuvent être envisagés : la subvention et le prêt.
Après la Seconde Guerre mondiale, la mise en place d’une structure destinée à mettre en œuvre le programme d’urbanisme du pouvoir colonial s’avère nécessaire. En 1946, intervient la création d’une direction de l’architecture, de l’urbanisme et de l’habitat, où l’architecte-Urbaniste Razafy-Andriamihaingo occupe le poste de directeur pendant dix ans. Grâce au dynamisme de sa modeste équipe et malgré des moyens financiers limités, il parvient à promouvoir une véritable politique de l’urbanisme facilitant la mise en œuvre du plan directeur d’urbanisme, grâce à la collaboration de l’ancien Inspecteur Général de l’Urbanisme Paul Maître et de l’urbaniste en chef Jean Dorian.
Grâce à cette structure, la plaine de l’ouest de la capitale continue d’accueillir les projets d’aménagement de l’administration coloniale ; un montant de 20 millions de francs est inscrit pour l’aménagement des rizières de l’ouest d’après la délibération du Conseil municipal du 25 février 1948. La superficie à aménager est de 90 ha environ.
La ville d’Antananarivo connaît de nombreuses constructions dans la partie ouest de la ville qui sont majoritairement illicites, mais le pouvoir public n’arrive pas à mettre en œuvre les projets d’urbanisme suivant le rythme des besoins.
Iss Heridiny