
La deuxième session ordinaire du parlement, qui a pris fin hier, est aussi la dernière session pour l’actuel Sénat.
C’est la dernière session pour le mandat de l’actuel sénat qui prendra fin officiellement en janvier prochain. Les sénateurs qui ont siégé depuis 2016, dont la majorité est issue du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, vont quitter alors leur siège. Ils ont traversé deux régimes politiques. Et depuis 2018, ces derniers ont assuré le rôle d’opposant au niveau du parlement et engagent un débat houleux avec les partisans du pouvoir. Parfois incisives, surtout critiques, les prises de positions du Sénat, depuis deux ans, ont, toutefois, animé le débat démocratique dans le pays. Mais, pour Rivo Rakotovao, président du Sénat, les débats et les différences de point de vue qui ont été mis en exergue par le Sénat ont eu lieu « pour améliorer et enrichir ». En tout cas, « le Sénat est voué à légiférer, conseiller l’exécutif et surveiller les actes du gouvernement » a-t-il rappelé durant son discours, hier, à l’occasion de la cérémonie de clôture de la deuxième session du parlement à Anosikely.
Riposte. Rivo Rakotovao ne sera plus président du Sénat à partir de janvier prochain. Depuis 2018, il a été de plus en plus présent dans le débat politique et affronte le régime presque sur tous les fronts, et assume avec aisance son rôle d’opposant. Cette deuxième session du parlement a été mouvementée pour son équipe. Une session qui a été particulièrement marquée par un bras de fer avec l’exécutif à propos du budget de l’institution. La chambre haute a subi une coupe au niveau des finances et devait rouler, durant ce dernier trimestre, avec un budget très limité. Offusqués, les sénateurs ont réagi, haussent le ton et réclament plus de « considérations » de la part de l’exécutif qui a décidé l’amputation budgétaire. Pour eux, le coup est politique. Ils ont soutenu que « l’opération qui prend son origine au ministère de l’économie et des finances est synonyme de répression » contre la formation de Rivo Rakotovao. Anosikely a, en revanche, riposté en multipliant les piques lancées contre l’exécutif. Hier encore, le président du Sénat a rappelé que « beaucoup d’efforts restent encore à faire pour redresser la situation du pays, surtout en matière de santé et d’éducation ».
Tempête. Visiblement, les sénateurs ne supportent pas un régime à sec et ont, en effet, entamé une grève, boudent les réunions. Quoi qu’il en soit « le parlement est une tribune pour la démocratie et le débat » a tempéré, hier, le coordonnateur du parti HVM durant son discours devant le ministre de l’économie et des Finances, Richard Randriamandrato. Raison pour laquelle, selon toujours Rivo Rakotovao, le Sénat a toujours opté le débat avant l’adoption de tous projets qui lui ont été soumis durant ces deux dernières années. Et de poursuivre que « quelque soit la divergence de point de vue entre les formations politiques, la majorité a toujours le dernier mot ». La voix de cette majorité a beaucoup parlé lors de l’adoption des ratifications des ordonnances présidentielles, lors de la précédente session, avec une victoire arrachée par les députés et l’exécutif. Mais, au Sénat, cette majorité a traversé une tempête. Elle a été menacée par une explosion. Quand le parti HVM a perdu les élections en 2018, certains sénateurs ont vite tourné casaque au lendemain de la chute de Rajaonarimampianina. Même si d’autres ont choisi de rester dans les rangs du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara. L’équation a été compliquée pour Rivo Rakotovao, coordonateur du parti et non moins président du Sénat, qui a souvent affronté une menace de destitution de par les coups en provenance de son propre camp.
Rija R.