« Noël, Noël, … efa mila tsy ho re, ilay teny tsotra hoe : Noël, Noël, Fiadanana anie ! », chante Bessa dans sa chanson ô combien réaliste sur la célébration de Noël par les nécessiteux et sur l’hypocrisie de certains, plus chanceux : « Odian-tsy hita ve ireo mahantra marobe ? Izany no Noely ve… ? »
Noël inédit
Malheureusement, bien que datant de plusieurs décennies, cette chanson de Bessa reste toujours, et plus que jamais d’actualité. Elle reflète toujours une situation encore plus criante de vérité, dans une atmosphère de pauvreté ambiante, exacerbée par la crise sanitaire qui a mis l’économie à genoux, sinon à terre. Rien d’étonnant alors si face aux – trop – nombreuses mains qui sollicitent aux passants un petit billet de 100 ariary, on passe son chemin ? A cette question, on s’attend à une multitude de réponses.
Mais malgré tout, chose surprenante, hier, les uns et les autres, dans la pauvreté ou non, se sont efforcés de célébrer Noël « comme il se doit ». Dans l’opulence pour les uns, avec les moyens du bord pour les autres. Quant aux extrêmement pauvres, la fête de la Nativité aurait été célébrée dans le dénuement le plus total sans les associations caritatives et les bienfaiteurs, anonymes ou non, qui ont été pour eux le père Noël : avec l’intervention de leur père Noël à eux, les paniers et les bras des enfants ont été remplis de cadeaux. Pour ceux à peine moins défavorisés, les enfants étaient heureux de recevoir des jouets, achetés avec les gains bien maigres des parents. L’essentiel pour eux c’est de voir leurs enfants fêter Noël comme ceux des autres. De telles situations, on en rencontre tous les ans, faisant de Noël 2020 un Noël pas si inédit en termes d’inégalités socioéconomiques.
Dans tous les cas, hier, la Nativité, fête chrétienne, a été célébrée par tous, chrétiens ou non, et de diverses manières. Dans la ferveur, au temple ou à l’église, les gestes barrières plus ou moins respectés ; dans la joie et sous le signe des retrouvailles autour des repas familiaux où la distanciation est vite passée au second plan ; au travail pour quelques-uns, dans une ambiance sortant un peu de l’ordinaire. Mais il y a aussi ceux qui ont passé Noël sans faire la fête : à l’hôpital face à la maladie, en prison pour diverses raisons, ou dans le chagrin face à la perte d’un être cher. Un Noël peu… Joyeux pour des personnes à qui l’on a envie aussi de dire : « Noël, Noël… Fiadanana anie » !