
Site touristique de renommée, le lac Tritriva à 18 km d’Antsirabe se remet petit à petit des effets néfastes de la crise sanitaire. Les visiteurs locaux sont de retour.
« Stylo, stylo, stylo ». Bravant le danger, ces enfants de la petite bourgade de Tritriva n’ont pas oublié leurs habitudes de faire l’aumône auprès des touristes roulant à bord de leur voiture pour rejoindre le fameux lac qui fait la renommée de la destination touristique du Vakinankaratra.
Survie
La stratégie du « stylo » consiste à faire prendre conscience aux touristes que ces petits enfants sont vraiment dans le besoin et que leurs parents n’ont même pas les moyens de leur acheter de quoi écrire à l’école. Selon l’humeur des passagers, ces jeunes enfants parviennent à se faire quelques milliers d’ariary qui leur permettront de participer à la survie de leur famille en cette période très difficile. Une situation aggravée par la crise que traverse le secteur touristique pour cause de Covid-19. « En temps normal et surtout en haute saison, nous accueillons un peu moins de 100 visiteurs par jour, surtout des touristes étrangers », lance Franck, un des guides touristiques qui opère sur le site depuis quelques années. Avant d’ajouter que durant les longs mois de crise sanitaire, pratiquement aucun touriste n’est venu, plongeant encore plus cette localité dans un état de pauvreté. Faut-il en effet rappeler qu’outre l’agriculture, le tourisme, à travers le lac Tritriva, constitue une source de revenus pour la population locale. Les mères de famille, les jeunes filles et même les enfants vendent aux touristes des objets artisanaux confectionnés localement. Les jolis chapeaux, paniers en paille, bijoux et autres objets de décoration à base de cornes de zébu, ou encore les pierres semi-précieuses, notamment le quartz rose y sont vendus à des prix bradés en ce moment où les « vazaha » sont très rares.
Reprise lente
Accusant le coup, les guides touristiques qui sont de véritables opérateurs touristiques locaux ne perdent pour autant pas espoir. C’est que depuis la levée du confinement, l’on assiste à une reprise lente, mais une reprise quand même des visites touristiques. « Ce sont essentiellement des visiteurs locaux qui viennent, et même s’ils sont encore peu nombreux, leur présence nous donne de l’espoir », selon toujours Franck le jeune guide. Parmi les 24 guides touristiques qui ont récemment bénéficié d’une formation, il accompagne les visiteurs à qui il raconte l’histoire merveilleuse de ce lac volcanique considéré comme sacré. A commencer bien évidemment par la légende de Ravolahanta et Rabeniomby, ces deux jeunes amoureux qui se sont suicidés pour cause d’amour interdit en se jetant dans le lac. Ou encore de récentes aventures ou expéditions comme la plongée du Commandant Cousteau pour mesurer la profondeur du lac ainsi que le Chinois qui avait tenté de récupérer le reste des arbres entrelacés qui représentaient Ravolahanta et Rabeniomby. Un plongeon solitaire qui s’est mal terminé puisque le Chinois est mort noyé englouti dans les profondeurs du lac qui seraient de plus de 160 mètres.
R.Edmond.