Il est difficile de se détacher réellement de l’année 2020 pour la majorité des tananariviens. Sans doute la raison pour laquelle, que ce soit chez le petit peuple que les plus nantis, le défoulement était de rigueur au réveillon 2021.
La fête dans les normes, voilà ce qui peut résumer la Saint-Sylvestre pour les Tananariviens. Dans les quartiers populaires, les enceintes ont résonné causant un brouhaha sans forme, un genre de vrombissement festif. Dans les chaumières, Wada et Youngs et Big Mj étaient les rois de la soirée. La classe ouvrière d’Antananarivo a préféré réveillonner sous son toit. Tandis que ceux qui le pouvaient rejoignaient les salles de fêtes, les lounges bar et les night clubs.
« Autant faire la fête, nous avons connu le fond en 2020, personne ne sait ce que 2021 nous réserve », s’égaille Juliana Rasolo, une fêtarde bien décidée à se défouler. Une hérésie en terre pieuse. Elle et sa troupe ont rejoint le Point d’Exclamation à Analakely. Ce lieu a proposé, pour passer le décompte final, une ambiance Dj frénétique. Un défoulement digne du dernier jour de l’année. Point névralgique, l’avenue de l’Indépendance a été moins submergée de monde que les années précédentes, bouleversant tout de même le quotidien nocturne des sans domiciles fixes de plus en plus nombreux ces derniers temps.
Populaires. Les habitués des lieux ont également rempli comme il faut le Kudéta à Anosy. À part les cris de joie arrivés à minuit, l’ambiance est restée la même que les nuits habituelles. Sauf que la fièvre d’avoir survécu à 2020 se faisait sentir sur la piste de danse. Comme un petit clin d’oeil à la langue de Shakespeare, la soirée était intitulée « Fok 2020 ». « J’espère que nous serons épargné par 2021 », tente de se rassurer Faly Rajaonary, un noctambule essayant de garder les pieds sur terre entre quelques verres.
Dans l’ensemble, dans les petites bicoques des quartiers comme Ambohimanarina, Andranomanalina, Manjaray… tout le monde s’amusait pour ne pas perdre espoir. Tandis que dans les salles huppées en périphéries ou en centre-ville, le cadre feutré laissait plutôt place à l’apaisement. Ambiance familiale également, mais sur les tables les mets et les saveurs gastronomiques se sont succédé.
Le CCI Ivato s’est offert un « Golden Hour » endiablé, une nuit de fête pleine de promesses. Sur scène, les invités ont retrouvé l’orchestre Album Music dans un cadre feutré teinté de « couleurs or ». Tel le vrombissement sonore sans forme des quartiers populaires. Cette fois, c’est le mélange improbable et brouillon des fragrances qui en a rendu la particularité. Les organisateurs en ont eu pour leur argent, puisque la soirée a été à guichet fermé. L’une des rares à avoir réussi cet exploit.
Cadre convivial. Non loin de là, l’Ankany Soafonenako à Mandrosoa Ivato, une institution des bals de fin d’année depuis toujours, a connu une ambiance plutôt conviviale. À minuit, les confettis ont plu pour rendre la fête encore plus fiévreuse. « Nous venons ici chaque année, c’est comme une tradition pour notre famille. Nos parents nous y ont emmené, quand ils le pouvaient, à chaque Saint-Sylvestre, alors, ma femme et moi nous gardons cette tradition », s’amuse Hery Ranaivoarisoa.
Chez Ankany Soafonenako, la réputation de la table n’a jamais failli pour les grandes occasions. Les fruits de mer étaient à l’honneur tout comme l’inventivité du chef. Avec des plats comme
l’« Assortiment de Makis et California Rolls », ou encore, « Bisque de langouste », etc… À l’espace Lambert à Ilafy, ce sont des pointures de la variété tananarivienne qui ont amusé l’assistance. Rija Ramanantoanina, Mahery et Bodo ont réussi leur pari.
Dans l’ensemble, les malgaches ont fêté comme il se doit leur Saint-Sylvestre 2020. Ces fêtes aussi ont littéralement fait oublier la crise sanitaire, puisque la distanciation sociale a un peu été placée sous le tapis de la joie et de la bombance.
Maminirina Rado