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jeudi, juillet 3, 2025
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Année 2021 : Madagascar, la culture et ses attentes

Henri Rahaingoson, l’académicien qui a créé l’adage, « Andrianiko ny teniko, ny an’ny hafa koa feheziko »

Des efforts palpables ont été effectués par Andry Rajoelina en 2020 dans le secteur de la culture, le dernier trimestre de l’année passée a été très animé. Par ailleurs, d’autres chantiers sont encore suspendus à l’arbre des attentes des malgaches.

La politique de la langue. Le dernier combat d’Henri Rahaingoson (décédé en 2016), académicien, professeur d’université, homme de lettres et chercheur, était l’application d’une politique de la langue à Madagascar. Avec le contexte mondialisé actuel, la langue en tant que patrimoine culturel de valeur presque sacrée mérite une réelle considération des tenants du pouvoir. Aux dernières nouvelles, un document épais sur ce sujet a déjà été remis à des spécialistes de la langue à l’administration Rajaonarimampianina. Ensuite, plus aucune nouvelle. Des réunions et des ateliers se tiennent ici et là depuis 2019, mais rien n’a encore été fait. Si une politique linguistique s’oriente surtout vers un objectif politique, dans un pays comme Madagascar, elle pourrait également marquer l’économie. Dans le rapport des puissances de Madagascar avec l’économie mondiale, la Grande île semble être éloignée des grands marchés internationaux. À titre d’exemple, les circuits commerciaux anglophones et chinois pèsent des centaines de milliards de dollars. Tandis que le francophone est loin derrière. Ou encore, plusieurs études ont confirmé l’efficacité de l’apprentissage scolaire avec la langue mère. Des pistes qui soulèvent autant de questions n’ayant pas de réponses. Toutefois des questions essentielles face aux enjeux actuels. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, la langue est devenue un enjeu de plus en plus crucial. En quelques clics, des jeunes peuvent prétendre à des emplois de plusieurs horizons. Des situations à hauteur humaine, mais la finalité de la langue est d’être un outil de développement individuel et collectif. La question est de se demander si cette politique de la langue intègre la politique du pouvoir actuel. Elle concerne en premier la culture, ensuite, elle intègre d’autres dimensions comme l’éducation, l’économie et enfin la politique.

Les poteaux funéraires, conservés et considérés comme de l’art en France, pourtant des objets sacrés et identitaires chez les malgaches.

Les patrimoines dérobés. À la moitié de son mandat, le pouvoir actuel a apparemment donné une dimension renouvelée à la culture et en a fait une de ses priorités. Le retour de plusieurs artefacts anciens, appartenant à des dignitaires royaux en est la preuve. À part une couronne de dais royal, une robe très ancienne et des centaines de documents papiers, il reste des lots plus importants. Dont la portée politique et historique pourrait transcender les malgaches contemporains. Tel le crâne du roi Toera (1853–1897). Un patriote de la première heure face à l’invasion civilisationnelle et extrêmement raciste, de même acabit au nazisme, des français. Décapité, sa tête a été emmenée par ses assassins en France afin de se pavaner devant les autorités politiques locales. L’arrivée de ce crâne à Madagascar mériterait à égal traitement la réception tout en tapage du couronnement du dais royal de Ranavalona III en novembre 2020. « Une journée de deuil national à titre posthume », lors de son retour sur ses terres devrait être déclarée, estiment les plus virulents défenseurs de l’identité malgache. Si le crâne du roi Toera reste parmi les plus sacrés et les plus importants du patrimoine national dérobés par les colons français et gardés actuellement chez des musées de renommée, tels des receleurs d’objets volés, ou des collectionneurs. Lors de la cérémonie de remise du dais royal à Anatirova, la ministre, Lalatiana Rakotondrazafy Andriantongarivo a mentionné que « cette remise n’est que le début d’autres séries ». C’est maintenant tout Madagascar qui attend l’arrivée de leur patrimoine. Ces aloalo, ou poteaux funéraires, ces masques, ces tableaux, ces statuettes, etc… des milliers d’objets venant de toute l’île devraient être conservés sur leurs lieux d’origine.

Il faudrait aussi savoir que c’est une promesse d’Emmanuel Macron, le président français, faite  il y a quelques années. Le retour des patrimoines d‘Afrique aux africains.

En urgence. Les célébrations du « nouvel an malgache » à foison tendent à décrédibiliser cette tradition auprès de l’opinion publique. Pour le « Taom–baovao malagasy » des dignitaires d’Ambohidrabiby, il y a une date déjà définie qui devrait être nationalisée. Tandis que les descendants d’Ambohitrimanjaka se sont un peu révisés, toute à leur honneur, ont qualifié le leur de celui de la localité. Plus récemment, des hauts gardiens de la tradition de tout le pays se sont rassemblés, une date commune a déjà été révélée. Dans tout cela, le peuple se sent perdu. D’autant que chaque camp tente de dominer les médias pour garantir sa position aux yeux du public. Des passes d’armes à la limite de la guéguerre de cours de récré. Donnant ainsi à cette tradition séculaire, une dimension politique, laissant de côté le culturel. Les cérémonies de « nouvel an malgache » se déroulent souvent sur des lieux sacrés ou royaux. Cependant, en 2020, la colline d’Ambohimanga a été plusieurs fois attaquée ou menacée par les flammes. L’État a bien fait de rapatrier des artefacts historiques. Cependant, la protection des patrimoines nationaux nécessite des actions concrètes et palpables. Exploitations des forêts, incendies volontaires, profanations de tombeaux royaux… du nord au sud, d’est en ouest et au centre de Madagascar, des dizaines de sites se trouvent de plus en plus en danger.

Maminirina Rado

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