C’est une poussée de fièvre qui, si le pouvoir n’y prend pas garde, peut déboucher sur embrasement. Les manifestations des étudiants de l’ENS sont pour le moment localisées à Antananarivo et Antsiranana. Ces derniers sont très remontés contre les responsables du MEN (Ministère de l’Education Nationale) car à la fin de leurs études, ils n’ont aucun poste dans l’enseignement. La réaction des forces de l’ordre a été assez vigoureuse et a abouti à des arrestations. Si le dialogue s’est établi à Tana, à Antsiranana, il y a eu des actes de violences. L’incendie d’une voiture et le saccage du bureau du président de l’université ont été les faits les plus marquants de ces journées de tension. La gestion de la situation a été laissée par le régime à la charge du ministère de tutelle qui ne veut pas envenimer les choses. Dans le contexte actuel, seule la souplesse dont vont faire preuve les autorités peut permettre de faire baisser la tension. Pour le moment, les étudiants sont d’une détermination sans faille. Ce durcissement est le signe d’un malaise qui est perceptible depuis le début de l’année. C’est tout un ensemble de signaux qui montrent la détérioration du climat social. Cette atmosphère s’est encore alourdie depuis l’annonce de l’arrestation à Johannesburg d’individus ayant transporté 73,5 kg d’or dans leurs bagages. Le trafic s’est certainement déroulé au vu et au su des autorités aéroportuaires malgaches, police, douane et ACM confondus. Le scandale est immense et la réaction des responsables étatiques a été à la mesure de l’ampleur prise par cette affaire. L’opinion attend que toute la lumière soit faite et qu’aucun des éléments de cette chaîne mafieuse ne glisse entre les mailles du filet. Tout le monde attend la suite qui sera donnée à cette affaire, le pôle anticorruption ayant reçu la plainte déposée par l’Etat malgache. En tout cas, l’enquête diligentée par les autorités sera suivie avec attention par l’ensemble de la communauté nationale qui ne tolérera aucune échappatoire. Cependant, la semaine ne peut pas se résumer à ces faits, la proclamation officielle des résultats des sénatoriales clôt la série d’élections de la première moitié du mandat du président Andry Rajoelina. L’IRD s’est taillé la part du lion avec dix sièges , n’en laissant que deux au MMM.
Sur le plan international, c’est la certification de l’élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis qui a dominé l’actualité de la semaine. C’est dans un climat de guerre civile que l’événement a eu lieu, les partisans de Donald Trump décidés à ne pas accepter l’inéluctable. Le monde entier a suivi avec effroi l’assaut lancé contre le Capitole par les dizaines de milliers de partisans fanatisés de Trump. Le monument qui est le siège de la démocratie américaine a été envahi par des hommes et des femmes décidés à ne pas laisser les élus proclamer la victoire du nouveau président des Etats-Unis. Après une confusion sans nom, les services de sécurité ont réussi à faire reculer la foule qui était entrée. Quatre personnes sont mortes. Donald Trump a fini par demander à ses partisans de se calmer et de quitter les lieux. Il a affirmé vouloir mettre en place une transition aménagée. Les observateurs ont l’impression qu’il est revenu à la raison et que la cérémonie d’investiture se déroulera sans incident.
C’est une semaine particulièrement agitée tant sur le plan national qu’international. Aux Etats-Unis, une nouvelle page est en train de s’écrire avec l’arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden. L’épisode troublé de la présidence de Donald Trump est définitivement clos. A Madagascar, la situation est encore tendue après la succession d’évènements de ces derniers jours. Aux Etats-Unis et à Madagascar, c’est la recherche de l’apaisement qui est prônée
Patrice RABE