
Les financements de la Banque Mondiale et ceux du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas les seuls enjeux du désaccord sur le tarif Optima de la Jirama. Les autres bailleurs de fonds s’alignent sur le point de vue de ces institutions.
Un haut risque de clash entre Madagascar et les partenaires de développement ! Bien que la Grande-île ait affiché, depuis plusieurs années, une performance dans la mise en œuvre de son Programme économique, le désaccord sur le tarif de la Jirama risque de chambouler la relation du pays avec les bailleurs de fonds. Selon notre source officieuse, auprès d’une structure représentant les institutions de Bretton Woods, l’Etat Malagasy n’honore pas ses engagements. « Les partenaires techniques et financiers se sont engagés à appuyer Madagascar dans ses actions pour le développement. Dans ce cadre, il a été convenu de mettre en œuvre des réformes structurelles, qui concernent notamment la réduction, voire la suppression progressive des énormes dépenses de subventions dédiées à Air Madagascar et à la Jirama, qui ne bénéficient qu’à une infime partie de la population malgache. Pour la Jirama, l’application du tarif Optima permet d’appliquer une tarification unique sur tout le territoire national, dans un souci d’équité, et également de garantir une plus-value pour la société d’Etat, ce qui veut dire que les 100 milliards d’ariary de subvention pourraient être alloués à d’autres projets de développement », a expliqué notre source. D’après ses propos, le tarif Optima a déjà été initié en juillet 2020. Aucune objection n’a été émise durant le long processus aboutissant à la déclaration de l’ORE (Office de régulation de l’électricité), qui a été par la suite contestée par le président Andry Rajoelina.
Souveraineté. La mise en garde de la Banque Mondiale, dans une lettre officielle – qui a fuité sur les réseaux sociaux et rapportée par les médias – a précisé clairement que la non-application du tarif Optima pourrait compromettre le décaissement des fonds prévus pour financer le Programme énergétique. Selon les informations, d’autres financements destinés aux infrastructures et à d’autres secteurs seraient également concernés par cette mise en garde. A noter que la Banque Mondiale et le FMI sont les principales organisations qui mènent des études économiques à Madagascar et qui élaborent des modélisations permettant d’évaluer les impacts des plans d’action en vue. Ce qui implique que les autres bailleurs de fonds s’alignent avec leurs points de vue. Toutefois, la partie malgache se montre également ferme, mettant en avant la souveraineté nationale. Pour le régime actuel, l’aspect social doit primer et la tarification doit être adaptée au pouvoir d’achat de la population, compte tenu de la crise sanitaire, qui a engendré de graves conséquences économiques. Cependant, l’Etat a-t-il d’autres alternatives, si les bailleurs de fonds traditionnels se retirent ? Dans tous les cas, si l’on se réfère aux discussions dans les coulisses du Gouvernement, les dirigeants se montrent confiants et comptent camper sur leur position actuelle, par rapport à cette affaire.
Antsa R.