Les énormes subventions allouées à l’électricité doivent bénéficier à la majorité et aux ménages vulnérables, selon la Banque Mondiale. Pour le Gouvernement, aucune hausse n’est admissible, même si elle ne touche qu’une infime partie de la population.
La situation de Madagascar avec les bailleurs de fonds est tendue, bien que le ministre chargé de l’Economie et des Finances tente d’afficher le contraire. D’après notre source, très proche du dossier « Tarif Optima », la Banque Mondiale sera dans l’obligation de suspendre le décaissement du financement de la première phase de la Politique énergétique de Madagascar, si l’Etat fait marche arrière dans la mise en œuvre du plan de redressement de la Jirama, notamment l’application de la nouvelle tarification. De ce fait, le processus engagé pour la deuxième phase est également en jeu. Ce qui représente un enjeu de près d’un demi-million de dollars US. D’après l’institution de Bretton Woods, persister dans cette décision contraire à ce qui a été convenu et signé, traduit une violation de l’aide budgétaire.
Indispensable. L’application du tarif Optima est le seul moyen de réussir le redressement financier du secteur de l’électricité, selon la Jirama, qui a avancé un Plan, des mesures tarifaires et des projections prometteuses sur plusieurs années. De son côté, la Banque Mondiale indique qu’avec les tarifs actuels, la société ne pourra jamais atteindre l’équilibre financier toute seule, même dans les meilleurs des scénarios. Entre 2008 et 2020, les coûts de production d’électricité de la Jirama ont augmenté de 70%, en termes réels. Et pourtant, les tarifs ont baissé de -20% sur la même période. Les écarts se sont creusés d’année en année et ont toujours été comblés par des subventions de l’Etat qui se chiffrent en centaines de milliards d’ariary par an. Selon les promoteurs du Tarif Optima, il est possible de renverser cette tendance. Les prévisions du Plan de redressement indiquent un équilibre financier vers 2023 et des plus values pour les années suivantes. Selon les explications techniques, 77% des clients de la Jirama seront gagnants, en termes de prix à payer et de qualité de service. Il s’agit de toute la classe moyenne et des petits consommateurs, dont 650.000 personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. L’augmentation ne se ferait ressentir que par 16% des clients, soit 1,5% de la population Malagasy.
Accès à l’électricité. Toujours dans le cadre du plan de redressement, le projet compte identifier les ménages à proximité des réseaux de distribution de la Jirama. Selon les informations, des subventions devraient être allouées au raccordement à l’électricité de ces personnes, avec une consommation limitée, et qui n’auront à payer qu’entre 10.000 et 30.000 ariary, au lieu de l’équivalent des 400 USD actuels. Bref, le tarif Optima s’inscrit dans le cadre de ce Plan élaboré minutieusement. Le ministre de l’Economie et des Finances a reconnu l’importance de ce tarif Optima qui, selon lui, sera appliqué mais … plus tard. Pour la Banque Mondiale, il faut une transparence et des précisions dans ce genre de décision. Pour mettre les points sur les « i », une réunion se tiendra demain pour trouver un terrain d’entente. Pour l’heure, les deux parties se montrent fermes et campent sur leurs positions.
Antsa R.