
Dans sa région, il commence à s’illustrer. Certes, il n’est pas connu comme Basta Lion et Mad Max, mais les jeunes apprécient ses propos. Lui, c’est Amiral Killer. Un artiste en herbe qui affirme aux jeunes, de la région septentrionale de la Grande Île, que le succès est le résultat d’un long travail.
Amiral Killer est cet artiste qui a su mélanger l’Antsa Antakarana et le ragga. Après avoir effectué des années de réflexion et à maintenir la « mentalité underground » (une expression inventée par les jeunes de Diego-Suarez, pour désigner un artiste qui ne veut pas sortir de sa tanière), à présent, il décide de se lancer et écrit des chansons.
Langage et musique. En 2020, il sort des espèces de dubplate session pour attirer les adeptes du reggae dancehall. Dans ces morceaux, il se présente comme « un Antakarana qui fait du raggamuffin ». Ensuite, vers la fin de la même année, il sort Tsy mafoe, une chanson qui a fait danser la ville d’Ambilobe et ses environs. Ses rimes sont imposantes, ses paroles sont poignantes. Dès lors, Amiral Killer fait hocher la tête des jeunes de sa ville natale. Même le chanteur Romeo remarque son potentiel. « Amiral killer est doué en jeu de mots. En plus, son avantage, il sait le parler antakarana ancien. Comme si il était contemporain avec les anciens rois », a-t-il avoué. Les traditions, portées par d’anciennes musiques rituelles inscrites dans la vie quotidienne, y restent essentiellement dans son texte. Cependant, il est aussi totalement imprégné de son époque. Amiral Killer bouillonne d’imaginations. Cette nouvelle génération réalise des musiques mélangées où se marient l’ancien et le contemporain, les langues locales et étrangères. Le cas d’Amiral killer montre qu’une nouvelle tendance musicale émerge. On trouve des studios de qualité dans la région, de plus en plus d’artistes y produisent leurs « dancehall gasy » et « ragga-gasy » pour un public dont la base est d’abord malgache. La musique malgache de nos jours forme un véritable mélange de genres, de styles et de nouvelles tendances. Elle se chante désormais en malgache, en anglais et en français.
Tout se produit depuis le « ghetto ». La musique des jeunes d’aujourd’hui est produite plus qu’autrefois dans les quartiers, au fin fond des périmètres défavorisés, voire dans le ghetto. On n’a plus besoin d’aller à Antananarivo pour produire un bon tube. Les jeunes des régions sont capables de produire des musiques de qualité. Les artistes n’ont plus de soucis à faire du matraquage avec leurs œuvres. Ils les distribuent sur les réseaux sociaux et cela fait le buzz partout à Madagascar. Les artistes n’ont plus besoin de sortir de leur région et d’aller dans la Capitale pour produire et percer, même si on constate que la plupart d’entre eux ont des relations avec certains beatmakers tananariviens.
Amiral killer n’est qu’un aperçu de ces artistes qui reflètent, à travers leurs noms de scène ou de leurs textes, l’effet de la mondialisation et l’hybridation des sonorités et des langages. Le but est simple, avoir une envergure internationale.
Iss Heridiny