
Les travaux d’assainissement relatifs au curage des canaux de drainage de la capitale continuent bien que les résultats soient pour certains, peu remarquables.
Jusqu’à maintenant, 85 000 m 3 de déchets ont pu être enlevés depuis le début de la campagne de curage d’urgence du canal Andriantany, du C3, du Génie Rural, et des 98 ha de bassin, qui a commencé vers la fin de l’année dernière, financée par l’Union européenne, à hauteur de 3,3 milliards d’Ariary. Ce qui équivaut, selon les explications à 85 000 m3 d’inondation évitée, selon l’Ong Lalana (chargé du suivi de l’effectivité des travaux et la mise en place d’actions de communication et de sensibilisation auprès des autorités locales et des usagers des canaux afin de pérenniser les résultats des travaux). En outre, selon toujours les explications, les camions transporteurs de déchets ont pu effectuer 2291 voyages. Ces quelques détails sont cités pour montrer que les travaux connaissent quand même un avancement, malgré les critiques de certains observateurs. En effet, l’APIPA ou l’Autorité pour la Protection contre les Inondations de la Plaine d’Antananarivo, est chargé du nettoyage (phase I) et du curage à fond (phase II) de ces trois canaux de drainage. Celle-ci entame la phase II à l’heure actuelle. La situation est un peu pareille pour le SAMVA (Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo), l’un des exécuteurs du projet, malgré ses quelques retards.
Des causes multiples. En fait, le délai d’exécution des travaux a été estimé à 10 mois, depuis la fin de l’année dernière. De ce fait, normalement, celui-ci devrait maintenant être sur le point de s’achever. Ce qui fait qu’aucun déchet flottant ne devrai plus être visible sur tous ces canaux et sur les 98 ha de bassins ciblés, à l’heure actuelle. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Les causes en sont multiples, entre autres, l’entêtement de certains usagers à y jeter leurs déchets quotidiens, selon les explications émanant de l’Ong Lalana. « Malgré nos efforts, un changement total de comportement des habitants des bas quartiers demeure cependant difficile à acquérir. Ces derniers sont quand même conscients du fait que les canaux ne sont pas déstinés pour les ordures mais pour les eaux, et il semble qu’il leur est difficile d’arrêter leurs mauvaises habitudes, en particulier les commerçants informels. Et il y en a qui jettent leurs fautes sur les passants», a confié Jessé Randrianarisoa, Chef dudit projet. Pendant tout ce temps, cette entité a déjà effectué de nombreuses études concernant ce sujet. Ce qui lui a également permis de constater que la pauvreté dans laquelle vivent les riverains peut en être l’une des causes. «Outre leur mentalité, cela peut être aussi la condition dans laquelle ils vivent, qui leur obligent à faire», poursuit-on.
Une sensibilisation renforcée. Quoi qu’il en soit, les travaux continuent et ne pourront s’achever que vers octobre, a-t-on dit. Mais les sensibilisations ne vont pas s’arrêter pour cet Ong. «Malgré tous ces obstacles, nous n’allons pas nous décourager», poursuit Jéssé R. Ainsi, l’on rassure que la sensibilisation va être intensifiée vers les cibles plus spécifiques, à savoir: les commerçants informels, les balayeurs de rues de la CUA et les agents de curage du SAMVA. Ce, afin d’éviter les dysfonctionnements de communication qui ont, à certains moments, empêché une coordination sérieuse entre les différents acteurs de l’assainissement. «Pour preuve, certains chefs de fokontany nous ont confié qu’ils ont eu du mal à trouver la ou les personnes à qui s’adresser quand ils veulent exprimer leurs souhaits, tout en n’arrivant pas non plus à maîtriser leurs subordonnés, faute de techniques de communication efficace», a-t-on expliqué. Dans cette optique, une série de formations sur le plaidoyer a été octroyée aux acteurs directs ou indirects de l’assainissement, les 19 et 20 juin derniers. En d’autres termes, tous les présidents de « fokontany », les chefs d’établissements scolaires, et les présidents des RF2 « Rafitra Fikojana ny Rano, Fidiovana sy Fanadiovana » longeant les canaux de drainage et les bassins ont bénéficié d’une formation de renforcement de capacité. Dans cette même visée, ils vont également faire l’objet d’un suivi formatif qui leur permettra de mieux appliquer les acquis. Bref, il a été clair que c’était une aide d’urgence par les bailleurs de fonds, afin d’éviter les risques d’inondation. Mais après, d’ailleurs c’est selon les recommandations, l’Etat devrait enfin mettre en place une stratégie pouvant aider à pérenniser les activités liées à l’assainissement dans le pays.
Arnaud R.