Le Dr Nirina Rakotomalala est décédé le 12 juillet 2014, juste quelques mois précédant ses 70 ans.
Il était un homme vaillant, pragmatique, d’une très grande rigueur. C’était un aristarque qui s’était toujours battu contre les inégalités, les trafics et la corruption sous toutes ses formes qu’il n’a eu de cesse de dénoncer. Fier de ses origines, il parlait souvent de ses parents qui avaient été maltraités durant la colonisation. Durant les crises de 1991, 2002 et de 2009, il avait pu rencontrer des hauts fonctionnaires en Europe et ailleurs, pour évoquer la situation politique à Madagascar. Il a beaucoup aidé les plus démunis dans les bas-quartiers ; il avait donné un coup de pouce à des paysans pour ériger des digues dans certains coins de la Grande Ile.
C’était un boute-en-train qui aimait faire bouger les choses. N’en déplaise à ces détracteurs qui le qualifiaient de Don Quichotte ou de va-t-en guerre, il n’en avait cure. Avec son franc-parler, la presse le sollicitait souvent, même jusqu’en Allemagne, pour avoir un avis éclairé, sans langue de bois. Et il était loin d’être déconnecté des réalités socio-politiques malgaches puisqu’il prenait part activement à la destinée du pays.
Il avait le sens du beau, amoureux de tableaux de maîtres malgaches comme Raparivo, Jean Andrianaivo Ravelona et Jean Michel Razanatefy. Le fait qu’on ait déformé voire démoli quelques bâtiments style Belle Epoque à Antaninarenina, l’avait choqué.
Nirina Rakotomalala aimait profondément sa demeure à Ambohimanga, et quelques contrées comme Antsirabe ou Ampefy. Maintenant, il est près des siens. Durant le moment de recueillement, les familiaux, des amis venus de toute l’Allemagne et de France, ont tenu à lui rendre un dernier hommage à Bonn, en entonnant ses morceaux favoris comme « Ilay Tany Niaviako » et » Ry Lanitra Mangamanga » d’Eric Manana, ainsi que des « Kalon’ny Fahiny ».
Cet hommage ne peut se terminer que par un cri de cœur : « Cher oncle Nirina, nous te devons beaucoup et nous ne t’oublierons pas. Nous continuerons à fructifier ce que tu nous as laissé comme précieux héritage : la loyauté, le partage et l’intégrité. »
Jean-Carl ANDRIANTAVY
Bonn (Allemagne), le 26 juillet 2014