
La planète Facebook malgache a vécu une expérience visuelle des plus épouvantables avec la vidéo de Shaminah Rose diffusée le 13 mars. Au tout début, l’apparence d’un corps couvert d’un linceul blanc, dans un lieu quelconque et malgré l’effet d’annonce de la publication, la curiosité génère l’intérêt. Alors, quand un bulldozer arrive avec plusieurs centaines de kilos de gravats et de terre dans la lame, les cris de la dame commencent. La capture montre une assistance composée de plusieurs individus.
Des mots en malgache. Alors le sang se glace, ensuite bouillonne, après avoir traité de tous les noms d’oiseaux les Libanais, les Saoudiens et tous ceux des pays qui abritent des travailleuses malgaches. Trop facile. On prend du recul. Les questionnements se bousculent. Que font ces femmes dans un pays qui n’en a cure de leur dignité ? Être femme et malgache sur ces terres signifie donc être isolée et sans aucun statut de citoyen légal venu d’un autre pays ?
Est-ce que les difficultés de la Grande Île méritent vraiment d’aller à des milliers de kilomètres et de jouer à quitte ou double sur ces, soi-disant, terres lointaines d’accueil ? Est ce que c’est dans la culture de ces « arabes » de traiter comme des meubles leurs congénères venus d’autres horizons ? Comment réagir si la presse annonce qu’un Malgache à Madagascar, par pure rage et animé d’un sentiment d’une pseudo justice, se met à tabasser et jette dans une porcherie un petit Arabe de 10 ans qu’il a rencontré par hasard ?
La liste des questions pourrait remplir un livre comme la Bible ou le Coran. Les questions pratiques et techniques n’ont plus leur place, c’est l’utilité du genre humain qui interpelle. Pas besoin de savoir s’il y a des diplomates malgaches dans ce pays pour exiger une sépulture digne d’une compatriote. Les images servent de réponse. Nul besoin de demander si Madagascar pourrait exiger des explications officielles, des sanctions s’il y a lieu d’être et le rapatriement pour l’une de ses citoyennes traitées sans honneur.
Jamais une vidéo n’a autant été suivie, au même rang que les exploits des Barea lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Plus de 2.000 partages, c’est tout de même énorme. Et entre les commentaires circulent sournoisement la haine et la vengeance. Minimes mais viscérales. Si jamais elles dérivent vers une idéologie raciale, les dégâts ne sont pas à écarter. Un de ces quatre matins, la coupe sera pleine chez les Malgaches.
Bon gré mal gré, Madagascar peut encore se targuer d’être un pays pacifique envers les étrangers. Selon des recherches croisées, l’Inde serait le pays le plus raciste au monde. Le nombre des assassinats d’étudiants africains « noirs » y est parmi les plus élevés. En Europe, la France se trouve dans le top des plus racistes. En Afrique, l’Algérie est un mauvais exemple. Les Etats Unis viennent de retrouver les sommités mondiales. L’Amérique latine semble moins enclin à « broyer du noir ». Dès lors, inutile de donner des leçons à « Rakoto et Bozy » sur ce point.
Maminirina Rado