
Les chansons de Fenoamby survivront encore, sans faillir, à plusieurs générations. Elles connaîtront sans doute une période d’angle mort, mais leurs réapparitions n’étonneraient guère. Ce brin de soleil dans chaque morceau, ce vent du sud frais et exaltant, voilà en résumé la musique de « Madagascar All Star ». Trois titres bonifieront à tout jamais le patrimoine musical malgache.
Alako
Dès son entrée, « Alako » centralise l’écoute. Un envol tout en souplesse, sous les auspices d’une valiha. Et ce refrain instrumental, la signature du titre avant que Fenoamby entonne les paroles pour la postérité. « … Romazava be rano/Alako mandany sira an… Vahiavy mihevitra farany tsara/Alako manary jery e». Rien de tel pour dépoussiérer les passions. Pour abaisser les tensions lors d’une rencontre amicale de « vêpres païennes » bien arrosées entre « potes » et coquines. Diffuser « Alako » fera sûrement lever de son siège le plus timide des séducteurs. Dans son sens esthétique, la créativité de Fenoamby sur ce titre, tant au niveau des textes que techniques, laisse nostalgique. Dans les années ’90, créer de la musique pour s’amuser relevait du génie.

Mariage
Hymne national des mariages dans tout Madagascar, dès sa sortie, « Mariage » en 1991, année de post crise, a rallié le pays. Un émerillon sonore que seul Fenoamby savait trouver le dosage nécessaire. Et toujours ces textes où les petites leçons philosophiques ne sont jamais en reste. Entre le séga et le salegy, le morceau bouge dès le début, avec son roulement de tambour presque infini. Suivi d’un solo qui remplit d’un coup les pistes. Certaines musiques de cette époque avaient une justesse esthétique depuis délaissée avec le temps. Correspondant à cette époque, quand le peuple aimait s’amuser pour se sentir libre. Il adorait ses sonorités virevoltantes, qui les maintenant tout de même les pieds sur terre.
Sarah
Dans une autre vie, Fenoamby aurait pû être un mathématicien de renommée, avec « Sarah », toute sa panoplie d’arrangeur a donné à ce morceau sa longévité jusqu’à aujourd’hui. Il suffit de s’attarder sur le solo de basse en slapping, rejoint par un solo guitare, y apportant une tonalité passagère rock. Si le reggae malgache pouvait placer trois morceaux dans le top des titres cultes de ce genre musical, « Sarah » s’y retrouverait sûrement. Fenoamby chante alors ses sentiments à une jeune fille, il semble hésiter à lui dévoiler son amour. Quant au jeu du saxophone, l’artiste a été un des précurseurs pour l’introduction de cet instrument dans la musique profane. Hors des sentiers du jazz et des ballades langoureuses.

Biographie :
Né un jour de 1963, Paul Marius Fontaine a vu le jour dans le village d’Ankotoba à Ampanefena dans le nord de la Grande Île. Il a appris la musique sur le tas, en gardant les bœufs, il fait référence à cet animal symbolique dans « Hidôla zaho niany ». À travers les champs et les récoltes, périodes de joie étaient propice pour libérer les acquis. Plus tard, il devient batteur et chanteur dans le groupe « Paroka, The Thunders, The Spiders, Super Jazz, Les 7 Aigles, Les Anges Noirs et Tropical de Diego ». Il atterrit à l’île de La Réunion. Il y acquiert des connaissances solides en ingénierie sonore, forme son groupe Fenoamby de retour au pays. Il devient une superstar à Madagascar.
Maminirina Rado