Un diagnostic mené à l’échelle nationale depuis décembre 2020 a permis, selon la FAO, de constater que la performance des systèmes alimentaires à Madagascar ne répond pas, et de loin, aux objectifs en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, contribuant à la santé de la population.
Des études ont été réalisées dans le cadre de l’initiative menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes (CIRAD), pour recueillir les informations et propositions de tous les acteurs des systèmes alimentaires du pays. Les résultats de ces analyses sont présentés dans le cadre d’un atelier de synthèse qui se tient en ligne, depuis le 13 avril jusqu’à ce jour, 15 avril 2021.
Dans le cadre de cette étude, impliquant divers acteurs des systèmes alimentaires, il en ressort la nécessité d’intervenir sur plusieurs niveaux : transformer la structure de la production, améliorer les chaînes d’approvisionnement, et modifier le comportement du consommateur en faveur d’une diversification et d’une fortification du régime alimentaire.
Etat des lieux. La FAO rapporte qu’en 2019, Madagascar figurait au 114e rang sur 117 pays selon l’Indice de la faim dans le monde, et au 108e rang sur 113 pays sur l’Indice global de sécurité alimentaire. « La sous-alimentation concernait 44% de la population. Cette sous-alimentation est liée à une production nationale qui n’arrive pas à suivre la croissance démographique galopante ; à la pauvreté élevée de la population ; et à l’enclavement de certaines zones rendant difficile l’acheminement des denrées alimentaires », a-t-il été précisé.
Par ailleurs, au niveau de la diversité alimentaire des ménages, les scores sont déplorables : un régime alimentaire essentiellement glucidique (céréales à 79%), faible consommation de fruits et légumes, de poissons et fruits de mer, de viandes et abats, de lait et œufs durant la période post-indépendance. De plus, le faible pouvoir d’achat, ainsi que le manque d’éducation nutritionnelle et la méconnaissance des méthodes de conservation et de transformation des produits, contribuent à cette situation. Les enfants de moins de 5 ans sont les premières victimes : en 2016, 42% d’entre eux présentaient un retard de croissance, lequel ne sera plus jamais rattrapé. Les enfants en porteront les séquelles à vie.
Disparité de développement. La FAO de souligner, par ailleurs, que le système alimentaire malagasy peine à fournir des moyens d’existence et des emplois décents à ses acteurs. Le secteur agricole ne contribue qu’à hauteur de 20% du PIB, et génère peu de ressources pour les exploitants agricoles en majorité familiaux, par contre la balance commerciale alimentaire en calorie révèle une dépendance relativement modérée de Madagascar aux importations autour de 21%. « La disparité de développement entre milieu rural et urbain est une des principales résultantes du système alimentaire avec un double enclavement des zones de production agricole et à l’isolement créé par la protection d’intérêts monopolistiques locaux. Le cœur du système alimentaire est dominé par les collecteurs et les exportateurs ; les producteurs constituent systématiquement un maillon faible par manque de capacité ».
L’analyse conclut alors que les clés des systèmes alimentaires durables à Madagascar résident dans la bonne gouvernance, l’éducation, la sécurité et la communication.
Recueillis par Hanitra R.