Ylias, le messie
Faire vacciner ou non, la réponse est maintenant claire. Le oui l’emporte malgré les tergiversations qui ont duré depuis de longs mois. Le ministre des Finances l’a pourtant inscrit dans le projet de loi de finances, les organisations internationales l’ont recommandé et l’opposition, même si sa voix importe peu, a insisté sur son adoption, l’essentiel est que maintenant l’unanimité est acquise. Décision sage face aux contraintes multiples d’ordre politique mais surtout financière qu’on a su résorber et c’est tant mieux pour la population dont l’inquiétude face à l’ampleur du drame qui lui est de plus en plus proche commence à s’amplifier. L’immunité collective apparaît être plus en vue et moins catastrophique. L’issue salvatrice est rendue possible avec la participation active de la fondation Akbaraly qui va prendre en charge donc une grande partie du financement et de la logistique de la campagne de vaccination. Le groupe Sipromad, partenaire économique de la fondation avec à sa tête YIias Akbaraly, a par ailleurs, dans une vibrante mobilisation, rencontré les hautes personnalités de l’Etat, celles des représentations des organisations internationales et celles des missions diplomatiques à Madagascar. Jusque-là, tout se passe comme dans le meilleur des mondes mis à part, qu’étant sous le régime « d’Etat d’urgence sanitaire », la conduite d’une telle action devrait relever (même symboliquement) de la compétence du Premier ministre.
Le détail n’a pas échappé aux observateurs qui posent plus ou moins ouvertement la question : « Ylias a-t-il des prétentions présidentielles ? Le peut-il ? Quelles sont ses chances ? ». A la première, d’emblée, si l’idée est en lui, c’est son droit le plus strict de se représenter car comme tout individu, il a assouvi les besoins de toutes les hiérarchies de la pyramide de Maslow sauf peut-être l’accomplissement de soi, la quête ultime de tout être humain paraît-il selon le célèbre psychologue, l’auteur de la hiérarchie des besoins qui motivent l’action de tout individu. Dans un pays où les besoins les plus primaires (manger, boire, dormir) d’une grande partie de la population sont difficilement satisfaits, cette sensibilité ne lui est sûrement pas étrangère, donc il lui est permis. Le peut-il ? Oui, il est en droit de présenter sa candidature à la magistrature suprême, outre qu’il possède la nationalité (il est électeur à Soavimasoandro), ses ancêtres doivent être là comme la majorité des « karana » depuis les années 1880, donc son éventuelle candidature est tout aussi légitime que légale. Maintenant, la grande énigme est de répondre à la question, a-t-il des chances de devenir président ? Les réactions sur les réseaux sociaux rejettent avec véhémence cette éventualité et elles doivent refléter une bonne partie de l’opinion nationale, arguent d’emblée d’abord son origine, l’endogamie perçue comme dogme de sa communauté, la boulimie économique de cette dernière avec comme résultat son hégémonie devenue stratégique sur tous les pans du secteur productif. Bref, un repoussoir comme l’était le juif pendant le nazisme et la tâche semble être difficile. Mais une analyse moins passionnée peut faire planer le doute à cette assertion, pour rappel, s’il y a eu une communauté qui a été honnie au Pérou, la première alliée des USA dans la guerre contre le Japon, c’est celle des Japonais et pourtant, Alberto Fuijimori a été le président du pays de 1990 à 2000, qu’importe les intrigues politiciennes durant ses années de pouvoir mais toujours est-il qu’il a été toujours élu démocratiquement comme sa fille et son fils d’ailleurs. Puis, dans un pays comme Madagascar qui ressasse les mêmes rivalités politiques datant depuis bientôt vingt ans, peut-être parce que faute de relève crédible, le vide ne demande, qui sait, qu’à être comblé par un fait inédit. Ceci dit il n’est pas tout à fait blanc, non plus, son vécu politique bien que discret a été entaché de copinages avec les précédents présidents et le karana doit s’en dépêtrer, ce qui n’est pas acquis. Enfin le désigner comme l’« oint » (messie) peut le choquer mais il faudra qu’il s’y fasse. Pour finir, qui vivra verra comme on dit.