Hery Rajaonarimapianina ne s’est jamais laissé impressionner par les chefs de file politique. Il ne serait pas arrivé au plus haut sommet de l’Etat s’il n’avait pas marqué ses distances. Il est entré dans la compétition électorale, s’il faut le rappeler comme candidat de remplacement de deux médecins, Kolo Roger aujourd’hui Premier ministre et Jules Etienne actuel ministre de l’Industrie qui l’ont présenté. Andry Rajoelina qui avait aussi été écarté de l’élection présidentielle comme les deux médecins ne l’a pas choisi pour le remplacer. C’est seulement lorsque l’intérêt pour le candidat a grandi dans le public et que les déclarations de soutien se sont multipliées que le président de la Transition s’est tourné vers lui. Le Mapar considéré comme la force politique dominante a fini par miser sur Hery Rajaonarimampianina pour la présidentielle. Devenu président de la République, ce dernier refuse les pressions politiques qui l’écartent de la ligne qu’il s’est donnée et de l’indépendance de décision qu’il tient à posséder par rapport aux membres de la classe politique. Andry Rajoelina n’a pu ainsi lui mettre le grappin et s’est marginalisé de lui-même. Le silence qu’il exprime jusqu’à maintenant reflète le fossé qui existe entre les deux hommes.
Au dessus de la mêlée
Le Président de la République n’accepte pas non plus d’être sous la coupe de la mouvance Ravalomanana. Fort des mêmes principes que face au Mapar, il a voulu marquer depuis son avènement au pouvoir qu’il est au dessus de la mêlée. Il ne promet rien à la mouvance qui depuis 2009 réclame le retour de Marc Ravalomanana exilé en Afrique du Sud. Pour ne pas devenir l’otage des pressions, il a toujours déclaré comme sa priorité les 22 millions de Malgaches sans perdre de vue le cas particulier de Ravalomanana. Faut-il rappeler que la mouvance Ravalomanana avait son propre candidat et ne l’a pas soutenu à l’élection présidentielle. Elle fut pourtant l’une des premières sinon la première à annoncer son soutien au nouveau président de la République au lendemain de son élection. Même si le revirement de position a pris de court et surpris le public, la mouvance voulait intégrer sans contrepartie les institutions de la République. Elle a obtenu un siège au gouvernement d’union et est présente à l’Assemblée nationale avec une vingtaine de députés. De retour du sommet Etats- Unis-Afrique, le président Rajaonarimampianina n’a pu que réagir aux propos récents de Marc Ravalomanana qui menace de retirer son soutien et celui de sa mouvance parce que son retour d’exil n’est toujours pas effectif. Le président de la République a bien remarqué que l’exilé d’Afrique du Sud ne tire sur le régime que lorsqu’ il est en déplacement aux Etats-Unis. La réponse fut donc claire. « Ceux qui sont aux Etats-Unis ne lui appartiennent pas ». Il faut se rendre à l’évidence que c’est maintenant grâce à Hery Rajaonarimampianina que les relations diplomatiques et de coopération repartent sur de bonnes bases entre les deux nations.
Zo Rakotoseheno