
Les anciens employés seraient les premières cibles du chômage technique qui tend vers une suspension de contrats, d’après les informations qui circulent dans les coulisses de la compagnie nationale. Les employés suspectent une magouille.
« Air Madagascar est vraiment en difficulté. Nous approuvons la réduction des coûts, aujourd’hui impérative. Mais nous refusons catégoriquement une suspension des contrats de travail. Il y a quelque chose de louche. Les dirigeants doivent jouer la transparence ». Tels sont les propos qu’un représentant des employés de la compagnie nous a confiés, suite à une rencontre qui s’est tenue hier, entre les représentants du Conseil d’Administration, de la Direction Générale et les délégués du personnel d’Air Madagascar. Durant la rencontre, les dirigeants de la compagnie nationale ont mis en avant les difficultés financières, les lettres de mise en demeure, les avions cloués au sol à cause des impayés sur les contrats de location, etc. En effet, la compagnie n’a eu aucune activité depuis plus de six mois, notamment à cause de l’abandon du service Handling – pourtant fructueux. Une très mauvaise décision que les employés reprochent aux dirigeants de la société. Et ce n’est pas la seule. « On se demande si cette chute d’Air Madagascar n’est pas voulue pour acquérir la compagnie à moindre prix. La cession des Boeing 747 que l’on a remplacés par des Boeing 767 d’occasion, a causé de mauvais impacts sur la compagnie. De même pour le choix des dirigeants étrangers, le basculement vers les Airbus A340 et bien évidemment la cession du service Handling, ainsi que le partenariat stratégique avec Air Australe », a soutenu notre source.
Grandes victimes. Bien que l’Etat ait injecté, sur plusieurs années, des fonds importants pour soutenir la compagnie, dans l’optique de sauvegarder la fierté nationale, Air Madagascar s’enfonce davantage et risque de ne plus pouvoir se relever, sans appui extérieur. Les employés – surtout les anciens – se positionnent aujourd’hui comme premières victimes de la situation. D’après les témoignages, certains d’entre eux ont été « forcés, sous menace indirecte des décideurs », de quitter Air Madagascar et intégrer la filiale Tsaradia. Aujourd’hui, les informations circulent de bouche à oreille, indiquant que les anciens employés seraient les premières cibles du chômage technique. « Ce n’est pas juste qu’on nous cible, parce que nous causons plus de dépenses à cause de notre ancienneté », a noté le représentant des employés. Par ailleurs, il a évoqué la question qui titille l’esprit, concernant le recrutement massif opéré par Air Madagascar en 2019… pour aboutir à la situation actuelle.
Inéquitable. Durant la rencontre d’hier, le Conseil d’Administration et la Direction Générale ont annoncé un chômage technique appliqué à compter du mois de juin, pour une durée de 3 mois, flexibles. Cette mesure ne s’appliquera pourtant pas à tous. « Certains employés, qui assureront les services essentiels, recevront 100% de leurs salaires, et les autres 30%. Selon nos supérieurs, il n’y aura pas de rotation, mais donc des chanceux. Ce qui est incompréhensible, car ils affirment également que la compagnie est en cessation de paiement. Pourquoi certains employés recevront 100% de leurs salaires ? Nous avons suggéré des solutions pour réduire les coûts. Nous espérons que ces propositions seront considérées », a confié notre source.
Tsaradia concernée. Les délégués du personnel de Tsaradia étaient également au rendez-vous d’hier avec le staff de la Direction générale et les représentants du Conseil d’Administration. Selon les informations, aucune décision n’a encore été prise pour le personnel de cette filiale. Cependant, les dirigeants de la compagnie n’ont pas écarté la possibilité d’un chômage technique. Ils ont même évoqué que les parties prenantes devront définir ensemble les mesures adéquates, si le chômage technique devra être appliqué. À noter que Tsaradia rencontre également certains problèmes opérationnels et ne dispose que d’un seul avion autorisé à voler dans sa flotte. Selon les indiscrétions, la réparation de son ATR en panne nécessiterait 50.000USD, une somme assez importante en période de crise. Néanmoins, cette compagnie a quelques marges de manœuvre, par rapport à sa société mère. Bref, les employés d’Air Madagascar et de Tsaradia soutiennent fermement qu’il faut réduire les coûts, pour sauver la compagnie nationale. Ils réclament également la transparence et le droit de s’exprimer ouvertement auprès des médias, car il s’agit, selon eux, d’une affaire nationale. Selon les informations, les discussions qui se sont tenues hier se poursuivront la semaine prochaine.
Antsa R.