Mi-mandat, moment pivot pour se faire réélire !
Dans un régime républicain et présidentiel où l’alternance démocratique est potentiellement possible, le moment du mi-mandat est important. Dans la mesure où l’on pense déjà à une réélection, le pouvoir en place doit opérer un réajustement tant dans les objectifs, que dans les actions à entreprendre, et donc dans le rang des moyens humains.
Mais tout d’abord, à Madagascar, il y a lieu de faire un bilan du temps passé au pouvoir. Évidemment et comme toujours, les tenants du pouvoir et l’opposition tirent la couverture à leurs avantages mais il n’empêche que des observateurs comme les journalistes non inféodés à l’un de ces deux camps, les organisations civiles et les observateurs étrangers peuvent être des sources d’informations …mais toujours à prendre avec les réserves d’usage.
Selon Andry Rajoelina, malgré des circonstances graves impactant la réalisation de son programme comme l’apparition de la pandémie de Covid 19 et la résurgence de la malnutrition dans le Sud, son équipe a pu réaliser des travaux d’infrastructures comme le stade « Barea », les écoles primaires aux normes modernes dans plusieurs districts etc. De l’autre côté, on lui rétorque que ces actions ne relèvent que de la poudre aux yeux car l’économie, chiffres à l’appui, révèlent des lacunes inquiétantes au vu du chômage croissant, de l’absence d’investissement dans le secteur productif ; deux faits qui font aggraver la pauvreté qui reste la préoccupation de la population.
De ce bilan, il n’empêche que la popularité du président s’étiole, le socle qui l’a porté au pouvoir ; d’abord, les défavorisés semblent être mis à l’écart des intérêts du pouvoir, car mis à part les coups de peinture ici et là, ils se trouvent aussi marginalisés qu’avant et sont devenus impassibles à toute mobilisation. Puis la classe moyenne, déjà réduite à une partie incongrue de la société, pourtant pierre angulaire lors des élections, se trouve désemparée car minée par l’inflation des produits de base (alimentaire comme le riz, l’huile, etc). Elle constate avec la réduction de son pouvoir d’achat son glissement non voulu vers les défavorisés et surtout phénomène social normal, elle voit avec regret l’écart grandissant entre eux et les nantis s’élargir. Enfin, les plus avertis de sa politique (les intellectuels) bien que minoritaires mais faiseurs d’opinion affichent leur scepticisme car du plan d’émergence, ils ne voient rien venir. En principe, un financement de 700 millions de dollars par an était attendu ; or jusqu’à maintenant, à part les 320 millions de dollars pour 2021-2024 des bailleurs de fonds traditionnels, rien de concret.
Alors face à ce défi de gagner les élections de 2023 que doit-il faire ?
Changer de politique et opter pour des actions qui impactent plus le quotidien de la population devrait être son leitmotiv ; changer d’orientation vers des actions à résultats plus immédiats, et moins ambitieuses que les styles Miami et tramway, mais qui doivent être remises à plus tard tout en les gardant sous le coude. Pour ce faire, il lui importe de s’investir à fond dans les domaines comme l’enseignement et mettre fin à jamais à ce système arriéré de maître Fram et revaloriser les motivations financières et non financières du corps enseignant de tous les niveaux ; plancher sur la santé en ayant une politique claire sur le statut du personnel soignant et de son plan de carrière ; clarifier la carrière administrative tant dans le recrutement que dans leur répartition géographique en restaurant le système « impérieux » des affectations non discriminatif, rationnel et obligatoire des agents de la fonction publique pour une vraie organisation du pays. Sur le plan économique, il doit mettre fin à ce système « mafieux » qui décourage et met à l’écart des volontés qui veulent vraiment entreprendre dans le financement et la réalisation de leurs projets.
Enfin et non des moindres, il lui faut retoiletter son équipe, il lui faut se délester de cette équipe de campagne car ils ont fait leur boulot et il lui faut des gens qui en veulent et non des propagandistes qui ont servi à polir son personnage sans plus. Le succès est à ce point, à moins de recourir et de préparer une équipe expérimentée dans les entourloupes en matière électorale.
Et comme on dit en malgache « Trafon-kena ome-mahery, am-bava homana, am-po mieritreritra » ?
M.Ranarivao