
Madagascar fête ses 61 ans d’indépendance cette année, face aux enjeux actuels de mondialisation et de revendications identitaires de plus en plus présentes. Voilà pourquoi, son patrimoine matériel et immatériel est important dans sa marche en avant.
Le patrimoine matériel malgache est en danger. Chez les spécialistes une grande partie l’affirme, une autre admet l’existence d’efforts palpables pour les protéger. Mais le plus grand danger qui guette ces vestiges historiques, ce sera sûrement l’oubli, l’indifférence ou l’ignorance de ses propres propriétaires. Puisqu’avant tout, il s’agit du patrimoine des malgaches, de chaque malgache.
Dedans, se reflètent le passé, une vision du monde, la continuité de l’histoire, l’identité, etc… Bref, des éléments de lecture permettant d’affirmer qu’un peuple a su,à sa manière, se compléter avec son époque. Comme l’a fait d’autres peuples à travers le monde. Que ce soit en France, au Brésil, en Inde, en Finlande, au Sénégal et d’autres encore.

Et comme le disent les généticiens, la meilleure preuve qu’une civilisation est intelligente, sage et égale de toutes les autres qui existent dans le monde, c’est qu’elle existe encore jusqu’à présent. Madagascar est encore un pays avec son identité, séculaire et dynamique. Son peuple s’identifie, entre autres, à sa terre, à son background historique et génétique… Résumé par, « tanin–drazana », ou « terre des ancêtres ».
Son peuple parle une seule et unique langue : le malgache, avec ses variantes. Les patrimoines sont, quelque part, une manifestation de tout cela. Pour dire aussi que les malgaches ne descendent pas de « sauvages indigènes », comme l’esprit lumineux français de la colonisation l’a supposé. Il est utile donc de rappeller les quelques sites et traditions toujours encore intacts et célébrées.
Les cérémonies traditionnelles : repère culturel et social
Fitampoha, Sambatra, etc, ces rituelles ont réussi à se conserver depuis des siècles chez plusieurs groupes humains du pays. Chez les Antambahoaka, le Sambatra, circoncision collective, se tiendra cette année, et est célébré tous les sept ans. C’est un évènement incontournable dans la culture locale, et malgache par ricochet. Il rappelle également le lien entre la Grande Île avec des ancêtres arabes. Le Fitampoha est une cérémonie que le groupe humain Sakalava a en partage. D’autres cérémonies tout aussi important se célèbrent également dans tout le pays, « Hazomanga »,« Zagnahary be », « Tsaboraha », « Famadihana »…
Ambohimanga et son Rova : patrimoine en danger parmi tant d’autres
Ce site est sans doute l’un des plus visités par les tourismes nationaux et internationaux dans la région Analamanga. La région où se trouvait cette colline royale et sacrée se nommait « Tsimadilo », le premier village qui s’y trouvait était celui de « Mahandrihono ». La tradition orale stipule que c’est un descendant de la noblesse de l’Imamo qui aurait baptisé ensuite le lieu d’Ambohitrakanga. Quand vint Andriamasonavalona, ce dernier a changé l’appelation en Ambohimanga. Actuellement, les incendies le menacent chaque année, volontaires pour la plupart selon les riverains. La colline sacrée d’Ambohimanga n’est qu’un exemple de la destruction du patrimoine historique malgache. Dans plusieurs régions, des sites patrimoniaux sont ravagés sans vergogne. Prémices de l’oubli de ceux qui sont encore intacts.
La langue malgache : une richesse variée
Reconnaître un peuple, c’est admettre qu’elle parle une seule et unique langue. Madagascar parle une seule et unique langue, les variantes font cependant son charme. Les linguistes d’aujourd’hui, avec des recherches de plus en plus poussées estiment que le malgache est une seule langue. Ce qui a été avant qualifié de dialectes, peuvent maintenant être considérés comme des « variantes langagières ». Comme il en existe tant dans le monde : le français québecois, le ch’ti et bien d’autres. La langue malgache est donc notre patrimoine commun.
Les patrimoines volés : face sombre de la colonisation
Le crâne du roi Toera, un monarque du même rang historique que les Andrianampoinimerina et compagnie, est sans doute le symbole du patrimoine malgache pris en otage par les français. Il se trouverait dans un musée militaire à Paris. A supposer que le crâne de De Gaulle soit conservé à Tsimbazaza. Ce qui est sûr, c’est que ce pays ne veut pas rendre celui du roi Toera, sachant qu’il a été emporté comme trophée de guerre du temps des premières invasions françaises. De même pour des milliers d’objets et d’artefacts qui sont conservés dans des musées réputés, considérés comme des institutions dans ce pays. L’Afrique a été spoliée durant la colonisation, économiquement et culturellement.
Maminirina Rado