
Un religieux soupçonné d’avoir violé une fillette de 5 ans a obtenu une liberté provisoire à Fort Dauphin. Les grands-parents de la victime ont fait appel aux responsables compétents afin de voir de près cette affaire.
« Que justice soit faite ». C’est l’appel de détresse lancé par les grands-parents d’une fillette victime de viol dans la ville de Tolagnaro. L’histoire remonte en mars 2020 lorsqu’une fillette âgée à peine de 5 ans a été victime de viol par pénétration anale. L’auteur de cet acte ignoble n’est autre qu’un religieux, un responsable auprès de son établissement scolaire. « Ma petite fille a, auparavant, été victime d’attouchements à maintes reprises mais il est finalement parvenu à ses fins. Elle se plaignait d’une douleur au niveau de son anus lorsqu’elle rentrait de l’école et elle saignait ce jour-là », témoigne sa grand-mère. Une plainte a été par la suite déposée au centre Vonjy de la ville de Tolagnaro mais grande fut leur surprise car ce religieux a obtenu une liberté provisoire et ce présumé « pédophile » court toujours dans la nature.
Séquelles. Cette fillette a déjà reçu les soins nécessaires auprès du centre Vonjy mais ce viol a laissé des séquelles graves. Non seulement, l’enfant a dû subir de lourds traitements médicaux mais, sur le plan psychologique, elle accuse également d’un traumatisme psychique. D’après les explications de Sarah Niandrirazana, inspecteur de police auprès de ce centre, les résultats des expertises médicales indiquent que cet enfant a été abusé. « Les enquêtes que nous avons menées nous ont conduit jusqu’à ce religieux. Ce n’est pas la première fois qu’il a essayé d’abuser de cette fillette » , a-t-elle expliqué. Suite à cet événement traumatique, les assistantes sociales auprès du centre Vonjy mobilisent leurs efforts pour soutenir la victime ainsi que ses tuteurs. « Il a fallu trois mois environ pour qu’elle reprenne une vie normale. Il y avait des moments où elle ne voulait pas sortir de chez elle et n’a adressé la parole à personne, mais après avoir reçu un soutien psychologique, elle a finalement pu sortir de sa coquille », témoigne Carole Raharimamy, une intervenante sociale auprès de ce centre. Aux dernières nouvelles, la victime est maintenant prise en charge par un centre d’accueil dans la ville de Tolagnaro.
- 43. C’est le nombre d’enfants reçus jusqu’ici par le centre Vonjy de Tolagnaro depuis son ouverture en février 2020. Les victimes sont âgées de 3 à 17 ans. Elles viennent de Tolagnaro, des communes périphériques du district de Taolagnaro et du district d’Amboasary. Certaines sont enceintes suite aux violences subies et deux ont déjà accouché, tandis que d’autres enfants continuent à suivre de longs et lourds traitements médicaux et psychosociaux, selon le médecin chef du Centre hospitalier de référence régional (CHRR) de Tolagnaro, Dr Hoby Tantelinirimiarana. Elle a aussi fait savoir dans la foulée que ce centre prends en charge les victimes jusqu’à l’accouchement. Elles bénéficient d’analyses médicales gratuites, de consultations prénatales ainsi que de réinsertion sociale.
Multisectoriels. Ce centre Vonjy est le 6ème mis en place à Madagascar avec l’appui financier de l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), mis en œuvre par le Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Il est à rappeler que c’est un centre où tous les enfants victimes de violences sexuelles bénéficient, dans une même structure, des services de prise en charge médicale, psychosociale et judiciaire. L’objectif étant d’éviter les allées et venues dans les bureaux administratifs et de faciliter les procédures pour un meilleur suivi de leurs plaintes.
Narindra Rakotobe