Madagascar a effectué un recensement des petits exploitants opérant dans la filière mica, surtout dans les régions Anosy et Androy, grâce à un partenariat entre le ministère des Mines et des Ressources Stratégiques et l’Organisation Internationale du Travail.
Une étude a ainsi été menée par la société Andrianasolo Christophe, pour ce faire. « Et cette présente étude révèle que plus de 50% de la main d’œuvre employée par ces petits exploitants de mica sont des enfants entre 5 ans et 17 ans », a rapporté Dr Coffi AGOSSOU, directeur du Bureau de Pays de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) pour Madagascar, Comores, Maurice et Seychelles, lors d’un atelier de restitution à l’hôtel Panorama. « Cela devient une préoccupation majeure au niveau international. En effet, l’OIT œuvre notamment pour la lutte contre le travail des enfants dans le secteur minier. Raison pour laquelle, nous appuyons le ministère en charge des Mines à mettre en œuvre un plan d’actions visant à éradiquer ce phénomène. Force est également de constater que les emplois informels ont connu de l’ampleur dans l’exploitation et sur toutes les chaînes de valeur de cette filière mica. Les conditions de travail y sont désastreuses, car il n’y a, entre autres, aucune sécurité sanitaire des employés. Ce sont également des enjeux qui nous préoccupent », d’après toujours ses explications.
Plan d’actions conjoint. Pour sa part, le directeur général des Mines, Lalaina Hajanirina Randriamiharisoa, a soulevé qu’un plan d’actions conjoint a déjà été mis en œuvre depuis l’an dernier en étroite collaboration avec les deux autres départements ministériels en charge de la Population et du Travail. Ce qui permettra de renforcer les mesures relatives aux droits humains, dont ceux touchant le travail des enfants. « Nous travaillons en même temps en partenariat avec des autres entités ainsi que des partenaires techniques et financiers, comme le cas de l’OIT qui a contribué au recensement des petits exploitants de mica dans les régions Androy et Anosy. L’objectif consiste à identifier tous les acteurs formels ou non au sein de la filière mica, tout en facilitant la formalisation de ces derniers », a-t-elle enchaîné. Force est également de reconnaître que la petite exploitation minière se développe de manière exponentielle aussi bien à Madagascar que dans les autres pays en voie de développement. Une telle situation tend rapidement à devenir incontrôlable en donnant libre cours à toutes sortes de dérives. D’autant plus, la demande mondiale de mica s’annonce croissante.
Manque de données. Par ailleurs, une étude de l’US Geological Survey Minerals fait état que les travailleurs dans les petites mines de Madagascar étaient au nombre de 500.000 dans les années 2012. Cinq ans après, le ministère en charge des Mines a identifié 500.000 exploitants dans la filière aurifère seulement. De manière plus pratique, des initiatives éparpillées de recensement des exploitants au niveau des Collectivités Territoriales décentralisées (CTD), en commençant au niveau des fokontany, ont été annoncées depuis l’année 2018. « Mais sans une coordination soutenue au niveau central, ces initiatives n’ont pas pu être capitalisées, voire être mises à l’échelle afin d’obtenir un recensement plus généralisé. Et bien que les informations aient dénoncé l’existence d’un phénomène alarmant sur le travail des enfants dans les régions Anosy et Androy, le manque de données y afférentes n’a pas permis d’appréhender l’ampleur et les étendus du problème, d’où l’urgence de mener une étude pour apprécier ce phénomène, afin d’orienter les mesures à prendre dans l’immédiat, à court et à long terme », a confirmé M. Adolphe Rakotoarison, directeur de Cabinet du ministère des Mines et des Ressources Stratégiques.
Navalona R.
