
Le fuel lourd de Madagascar Oil a été accepté par la Jirama, malgré des imperfections au niveau des spécifications. Les premières livraisons sont attendues depuis mars 2021, mais la compagnie ne les aurait jamais livré, selon la société d’eau et d’électricité.
Promouvoir la production locale à moindre coût ! C’est dans cette optique que le gouvernement et la Jirama ont favorisé le fuel lourd de Madagascar Oil pour approvisionner ses usines de production d’électricité. Dans son intervention en direct sur la chaîne nationale, hier soir, le président Andry Rajoelina a indiqué des difficultés de transport qui accroissent le prix du litre de fioul lourd de Tsimiroro. Pour sa part, la Jirama a expliqué que l’offre de la compagnie Madagascar Oil pouvait être écartée, car elle n’était pas conforme aux spécifications techniques demandées. « L’appel d’offre N°462/2020 a été lancé le 9 décembre 2020 pour l’approvisionnement de Fuel Oil. Tous les distributeurs de produits pétroliers, y compris Madagascar Oil, étaient invités à répondre à cet appel d’offres, qui précisait qu’une offre était indivisible d’un volume de 117 995 390 litres, livrés sur des sites consommant du HFO pour la période de décembre 2020 à juin 2021 sur les différents sites consommant du HFO 180 CST dans tout Madagascar », a exposé la Jirama. En effet, Madagascar Oil a soumis une offre moins-disant, par rapport à ses concurrents, mais des défauts techniques ont été enregistrés par la société d’État. « Même si l’offre était indivisible, Madagascar Oil n’a proposé que 3,3 millions de litres, soit 2,7% des besoins exprimés par la Jirama. En outre, au lieu du fuel de 180 CST indiqué par le cahier des charges, Madagascar Oil a proposé 380 CST », ont souligné les responsables de la Jirama.
Offre acceptée. Malgré ces défauts techniques et cette faible capacité, la Jirama s’est appuyé sur le faible coût, pour accepter l’offre de la compagnie de Madagascar Oil. Le 18 décembre 2020, la Jirama a adressé une lettre de notification à la compagnie, pour la confirmation d’une commande d’un montant hors taxe entre 16,98 milliards et 20,38 milliards d’ariary. D’après la Jirama, cette offre ne pouvait satisfaire que les besoins d’un moteur de mars à avril et deux moteurs de mai à juin, dans l’une des quatre centrales. « Si la Jirama et le gouvernement devaient respecter les termes de l’appel d’offres de départ, l’offre de Madagascar Oil serait irrecevable. Mais cette offre a été acceptée pour la promotion de la production locale à moindre coût. En outre, le calendrier de livraison n’a pas été respecté. L’appel d’offres précisait une demande de livraison entre décembre 2020 et juin 2021, alors que la compagnie a soumissionné pour livrer à partir de mars 2021 », ont avancé les représentants de la Jirama.
Livraisons attendues. Malgré les avantages accordés à Madagascar Oil sur l’acceptation de la livraison de 2,7% des besoins, les spécifications de 380 CST, le décalage de calendrier de livraison, etc, la Jirama a fait une commande, selon ses responsables. Selon eux, les premières livraisons étaient attendues en mars dernier. « Jusqu’à aujourd’hui, la compagnie n’a rien livré. Tout le monde sait comment les choses tournent, si jamais la Jirama arrête sa production d’électricité. Les usagers ne comprendront pas que le fuel lourd n’a pas été livré par le fournisseur. De ce fait, la Jirama a dû acheter avec le deuxième moins-disant, selon les termes de l’appel d’offres », a communiqué la société d’État. Une manière pour ses représentants de souligner que toutes les chances ont été données à Madagascar Oil, qui n’a pas fait ses livraisons. Par ailleurs, la Jirama a évoqué la faible capacité de production et de stockage de Madagascar Oil, qui pourrait nuire à la sécurité de l’approvisionnement de fuel lourd, faute de visibilité. Une situation que la société d’eau et d’électricité considère à haut risque, compte tenu de l’importance de cet approvisionnement et du caractère stratégique de son secteur d’activité.
Antsa R.