
Le tumultueux parcours de vie de Vahömbey, Roland Dieudonné Rabearison dans son état civil, a sans doute été la pierre angulaire de sa carrière. Avec sa musique habitée, baignée de vie, digne des plus illustres Malgaches.
De monument du rock malgache à précurseur avec son approche propre dans les années 80–90, à chanteur d’une musique acoustique contemplative, Vahömbey a l’air d’adorer les contrastes. Ses chansons sont restées comme ces patrimoines reconnus que par les plus éclairés. Souvent ignorées, sauf que dès qu’on s’y frotte, on s’y attache sans limite. Destin des œuvres cultes, après plusieurs générations, elles reviendront aussi brutes et impeccables, adaptées au futur. Retour sans prétention exhaustive sur ses titres majeurs.
Hommage aux mentors
Ce titre est une reprise, un hommage plutôt, aux mentors Xhi et Ma’, des chantres du rock tananarivien. « Mantakisoka », en fin de compte est une chanson d’amour insérée dans une complexité textuelle, dont le sens du titre se prêterait à une interprétation érotique. En effet, « Mantakisoka » est utilisé dans le milieu rural pour désigner les « filles vierges ». Dans les textes, Vahömbey chante alors. « Voankazo mantakisoka tsy atakalo masaka », littéralement, un fruit encore vert ne s’échange pas contre un fruit mûr.
« Besorongola » est devenu un titre signature. Ici, il rend toujours hommage à ses « mentors », Xhi et Ma’, les auteurs compositeurs. À Andevoranto, auprès du groupe humain Betsimisaraka, il est encore aujourd’hui possible d’entendre des anciens conter « Besorongola », ou celui qui fait beaucoup de glissades. Enfant rejeté, béni des dieux, richissime, devenu pauvre car trop bavard, puis retrouvant sa richesse… biblique. Comme son nom l’indique, Besorongola aimait tellement jouer qu’il a été rejeté par sa famille. Appréciant trop la vie, celle-ci l’a récompensé au centuple.

Une musique, un style de vie
Grâce à cette chanson, le rockeur gagne l’estime du milieu. Vahömbey fait partie de ces artistes qui ont su comprendre l’importance de l’image dans la musique. Une tendance accompagnant l’évolution technique et technologique. Par contre, il l’a adapté à ses contemporains si le mot est juste. Fini les petits pépères, bon fils à papa. L’artiste reflète le rock dans son style de vie. Ce qui donne le titre « Rôkarôka ». Si la phonétique se rapproche du mot « rock », le chanteur arbore ici un état d’esprit ouvert. Une manière de ne pas se plier à la pensée dominante, à l’hypocrisie ambiante, le rebelle assumé.
Pour apprécier la vie intensément, Vahömbey se retire de la scène pendant de longues années . Il a déjà inscrit son nom au panthéon du rock malgache. Selon la légende, il serait parti chercher de l’or dans le Nord. Il y revient avec un album, « Bezoro ». Mais avant, il réussit à sortir une pièce d’orfèvrerie, l’opus « Salanitra » (1999). S’il y avait un « billboard » à Madagascar, il serait facilement installé dans le top 50. Fiévreux, bluesy, identitaire, jouissif, joyeux, apaisé… une chanson se démarque, « Lemuria », ballade historique depuis la formation des continents et de l’apparition de la Grande île.
Maminirina Rado