L’approche genre dans la composition du nouveau Gouvernement est très appréciée par le Groupement des Femmes Entrepreneurs de Madagascar (GEFM), selon sa présidente Fanja Razakaboana. Interview exclusive.
Midi Madagasikara (MM). Nous sommes encore dans l’incertitude, face à la crise sanitaire. Quelles perspectives pouvez-vous avancer pour les mois à venir?
Fanja Razakaboana (FR). Certains secteurs commencent à reprendre timidement, mais les perspectives générales nous semblent incertaines, la prudence est de mise avec la crise sanitaire toujours en cours. Toutefois les secteurs durement touchés et éprouvés comme celui du tourisme ne doivent pas plomber ce semblant de reprise. Pour cela, il faut insister sur un programme de vaccination de masse avec une priorisation des cibles tout en se basant sur les indications émises par les entités scientifiques reconnues. Et bien naturellement d’ouvrir, avec les mesures adéquates, nos frontières aux personnes vaccinées.
Que ce programme national de vaccination actuel puisse être renforcé et déployé très rapidement, afin que ce virus ne se propage au niveau des zones heureusement encore épargnées. Et qu’à terme, l’objectif serait d’inoculer toutes les couches de population en tenant compte des périodes de validité de chaque livraison de vaccin.
- Un nouveau Gouvernement est formé, avec plusieurs femmes en son sein, dont une d’entre elles est membre du GFEM. Comment trouvez-vous cette approche genre du régime actuel?
- Nous sommes encore loin de la parité, cependant l’initiative du gouvernement avec une approche genre et l’effort d’intégrer 11 femmes ministres ont été remarqués et fort appréciés. La plupart de ces hommes et ces femmes ont été sûrement appelés pour leurs compétences requises pour occuper des postes à responsabilités au sommet de l’Etat. Et nous osons croire que ces fonctions ont été attribuées selon les profils correspondant aux postes à occuper – non parce que les critères de base sont des femmes, à compétences égales.
Cette approche du régime démontre qu’on peut quand même tenir compte de l’objectif de parité dans ce pays, même si on n’est actuellement qu’à 30/70.
L’espoir est là et nous tenons à marquer notre soutien auprès de ces femmes ministres qui franchissent le pas, sortantes ou entrantes.
En tant que Présidente Fondatrice du Groupement des Femmes Entrepreneurs de Madagascar, nous sommes particulièrement fières d’avoir une de nos membres nommée à un poste ministériel clé pour le développement du pays, celui du ministère de l’Enseignement Technique et Formation Professionnelle, Madame Vavitsara Gabriella Rahantanirina.
- L’ancien Gouvernement avait également des femmes ministres. Cela a-t-il eu des impacts significatifs sur l’entreprenariat féminin et sur l’amélioration de la vie des femmes?
- La présence de femmes ministres dans un gouvernement reste toujours un des indicateurs significatifs pour les observateurs. En tant que leader d’organisation, qui milite pour la promotion de l’Entrepreneuriat féminin, nous avons eu une femme à la tête d’un ministère clé, le ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. Elle a contribué aux efforts du développement de l’entrepreneuriat féminin de manière générale tant sur le plan national que continental. Madame Lantosoa Rakotomalala en a fait sa priorité pour soutenir les femmes entrepreneurs, notamment le lancement officiel du COM FWB Madagascar Chapter (COMESA), les FIM, ainsi que le forum économique national Women in Business, si on ne cite que ces deux activités, mais tant d’autres avec nos associations consœurs. Sans oublier le soutien de la ministre de la Population, Madame Lucien Irmah Naharimamy.
Nous tenons à les remercier pour le travail accompli auprès des femmes entrepreneurs durant leur mandat.
- Qu’attendez-vous des femmes décideurs, particulièrement des femmes ministres qui viennent d’être nommées?
- Nous espérons un mandat encore plus collaboratif avec l’ensemble de ce gouvernement, plus que les précédents avec tous ministères confondus – pour faire évoluer ensemble la place des femmes de manière générale et particulièrement les femmes entrepreneurs dans l’échiquier économique du pays.
Avec ce nouveau gouvernement, les portefeuilles de base tels que la finance, l’éducation, l’enseignement technique et formation professionnelle, l’artisanat, la population, le travail, l’environnement … ont été attribués à des femmes.
Nous sommes convaincues que chaque ministre, homme ou femme, suivra le pas du gouvernement et prendra des exemples pour plus de femmes dans leurs staffs respectifs ou dans ces postes à haut niveau de responsabilités, pour diriger ces entreprises et ces sociétés d’Etat d’envergure. Les critères d’évaluation ne sont pas exclusivement techniques à la fin d’un mandat, certains ont parfois des atouts politiques. Ce qui est certain, c’est que personne n’est infaillible, homme ou femme. Et on les jugera objectivement à l’œuvre. Nous gardons espoir sur tous les plans.
Recueillis par Antsa R.