
La confirmation officielle de la résurgence de la peste pulmonaire dans le district d’Arivonimamo devrait attendre les résultats d’une enquête menée par le ministère de la Santé publique et ses partenaires comme l’Institut Pasteur de Madagascar.
Panique dans le district d’Arivonimamo. Depuis quelques jours, une maladie dont les manifestations feraient penser à la peste pulmonaire aurait fait une dizaine de victimes et un décès selon des sources locales. Une situation qui mettrait les responsables dudit district en état d’alerte maximal étant donné que le pays est déjà en situation d’urgence sanitaire. Contacté afin d’avoir plus d’informations concernant la situation, le Dr Luc Razakamahefa, directeur régional de la santé publique d’Itasy explique : « il y a effectivement une manifestation de maladie dont les signes et les symptômes font penser à la peste pulmonaire dans le district d’Arivonimamo. Le ministère est à pied d’œuvre pour déterminer de quoi il s’agit. Une investigation est actuellement menée avec l’Institut Pasteur de Madagascar pour confirmer ou infirmer la suspicion ». Le DRS Itasy d’insister sur le fait que « les cas observés actuellement sont qualifiés de suspects. L’on ne peut actuellement pas encore se prononcer sur la confirmation des cas. Cela doit attendre les résultats de l’investigation et des analyses effectuées ». Avant de donner des statistiques, « il y a à ce stade trois décès liés à cette maladie et environ quinze personnes en traitement. » Si la direction régionale de la santé publique d’Itasy a accepté de donner quelques éléments de réponse (le journalisme le remercie) concernant le contexte qui prévaut à Arivonimamo, le ministère central a quant à lui opté pour la «cachotterie». C’est le cas de la direction de la veille sanitaire et de la surveillance épidémiologique qui, joint au téléphone, nous a répondu en affirmant «ne disposer d’aucune information concernant la situation à Arivonimamo».
Famadihana. L’entretien avec le Dr Luc Razakamahefa a également permis d’avoir des hypothèses sur l’éventuelle cause ayant entraîné la situation. « Si l’on garde la thèse de la peste pulmonaire, il conviendrait d’en noter les trois principales causes. À savoir : un cas de peste bubonique négligé pendant deux ou trois semaines, les pratiques culturelles comme les famadihana (exhumation des morts liés à la peste) ou encore l’existence d’une épidémie de peste d’origine animale dans une localité et dont la transmission à l’homme s’est faite à un moment donné». Le DRS Itasy toutefois de noter que la thèse du «famadihana» est actuellement «la mieux placée». Le cas de peste bubonique négligée suppose qu’il y a eu plusieurs malades pendant un certain temps. Ce qui aurait dû alerter les autorités sur place vue la durée que l’évolution doit prendre. Pareillement pour le cas de la peste d’origine animale si l’on s’en tient toujours aux explications du Dr Luc Razakamahefa. «Il aura fallu qu’il y ait un nombre assez important de contamination pour penser à cette option. Ce qui n’est pas encore le cas pour le moment», note le responsable. La résurgence de la peste se fait chaque année dans la grande île malgré les efforts menés afin d’arriver à l’éradication du fléau. Une éradication tant prônée par tous les acteurs mais dont la lutte est encore longue. Avec la situation de pandémie de Covid-19 actuellement, une épidémie de peste ferait encore plus de dégât sur le système de santé publique malgache, qui souffre déjà d’une multitude de maux.
José Belalahy