Ils tentent une percée sur la scène politique bien qu’ils soient déjà des têtes connues dans l’arène. Leur alliance peut impacter le jeu lors de la prochaine présidentielle.
Il n’a jamais caché ses ambitions présidentielles. Roland Ratsiraka, plusieurs fois candidat à la magistrature suprême mais qui a échoué à chaque scrutin, est sur le front pour critiquer le régime depuis 2019. En 2023, il peut être dans le starting-block pour briguer un mandat présidentiel et trace déjà sa route. Durant la crise sanitaire, ce député de Toamasina I et président national du parti Malagasy Tonga Saina, démonte la stratégie du gouvernement en matière de gestion de la propagation du virus. Il assène des coups contre les tenants du pouvoir et compte gagner en popularité dans son fief à Toamasina. Sa présence dans le débat durant la crise lui assure une visibilité au sein de l’opinion.
Relance. Dès le début de la deuxième vague du coronavirus dans le pays, il a défendu une campagne de vaccination de masse et veut la réouverture des frontières pour les passagers vaccinés tout en plaidant en faveur de la relance de l’économie. Face au gouvernement et au Parlement, Roland Ratsiraka n’est pas du genre à tenir sa langue dans sa poche, il interpelle ouvertement les ministres et critique le régime devant les caméras. Depuis 2019, il a enfilé son costume d’opposant à Andry Rajoelina même s’il figurait parmi ses soutiens de la première heure lors des premiers pas en politique de l’actuel président de la République. Toutefois, Roland Ratsiraka évite de se rallier, jusqu’à présent, aux autres opposants dirigés par Marc Ravalomanana et Hery Rajaonarimampianina, regroupés au sein de la RMDM et du groupe Panorama, mais préfère jouer en solitaire.
Meeting. L’autre député qui perce également dans l’échiquier est nommé Siteny Randrianasoloniaiko. Les feux des projecteurs ont été braqués sur ce self-made-man quand sa fête a réuni une foule à Toliara, en juillet dernier. Au cours d’une cérémonie de « tso-drano » digne d’un grand meeting politique, Siteny Randrianasoloniaiko, député à Toliara, élu à la tête du judo en Afrique, a réuni des figures politiques issues des quatre coins de l’île, connues et reconnues par leur influence. Ce rendez-vous a fait frémir la scène politique. Mais contrairement à son homologue de Toamasina, Siteny n’a pas encore annoncé sa couleur. Il a juste montré ses muscles.
Fief. Un dîner organisé le soir de cette festivité aurait fini par une causette politique entre les convives et, depuis, l’ambition de ce président du judo africain s’ébruite. Les rumeurs courent alors sur sa probable candidature à la prochaine présidentielle. Alors que l’intéressé n’a jamais soulevé la question en public, dans le microcosme, le sujet est sur toutes les lèvres. Une chose est sûre, Siteny Randrianasoloniaiko est sur orbite à Toliara et conforte sa cote de popularité dans son fief. Sur le plan politique, ce chrétien membre de l’église Assemblée de Dieu est devenu incontournable dans la province de Toliara.
Liberté. Jusqu’à présent, le député de Toliara reste très discret sur le terrain politique même s’il s’affiche avec d’autres politiciens comme Ahmad, l’ancien président de la Confédération africaine de Football. Ce dernier, qui vient de faire une sortie médiatique, lundi dernier, assume son discours contre le régime. L’ancien ministre, qui est convaincu de l’« autonomisation » de Mahajanga, a tiré à boulets rouges sur les tenants du pouvoir. Alors que le gouvernement vante la liberté d’expression qui règne dans le pays, Ahmad constate pourtant que « la démocratie n’existe pas ». À en croire aussi les propos de ce dernier sur une chaîne locale, le régime serait déjà en perte de vitesse à Mahajanga car « beaucoup de gens sont actuellement frustrés ».
Choc. Dans son aventure, Ahmad est accompagné par un autre « vato nasondrotry ny tany ». Durant son intervention télévisée, l’ancien patron du foot africain a maintes fois cité le nom d’Alain Tehindrazanarivelo. Ce professeur en neurologie, président national du parti ENINA, serait l’alter ego d’Ahmad pour « lancer le défi pour développer Mahajanga », selon ce dernier. Ces deux originaires des régions Boeny et Sofia ont déjà joué ensemble sous les mêmes couleurs durant le régime Rajaonarimampianina. Et le duo Ahmad-Tehindrazanarivelo est renforcé par Siteny Randrianasoloniaiko. Ils ont été aperçus ensemble, côte-à-côte, durant le « Jeu de Melaky ». Et sur le terrain politique, ils peuvent former un trio de choc et déstabiliser le camp d’en face.
Rija R.