
« Il n’est plus, à proprement parler, besoin d’inventorier les faits, les signes, les gestes et les présentations à partir desquels, il est possible aujourd’hui de conclure un traumatisme profond de l’Africain au Sud du Sahara(…). Quoiqu’il devienne et où qu’il parvienne dans son évolution, il conserve dans ses rapports aux mondes, aux autres cultures et civilisations, une sorte de dette, d’excuse, de reconnaissance inexplicable », a expliqué Shanda Tonme, un auteur engagé camerounais. Le constat est également amer à Madagascar. Grande Île située à 400 km du Sud-Est de l’Afrique. Sur le plan culturel, elle est a mi-chemin entre le continent noir et l’Asie. Cependant, jusqu’ici, les habitants ne savent pas tirer profit de cette diversité. Ainsi, une « guerre froide » s’installe entre les « ethnies » ! Si on entend toujours des discours sur l’unité nationale, c’est parce qu’il y a une souche de population « tribaliste » et figée. Elle dénigre tout ce qui ne cadre pas avec sa volonté et son idéologie.
Depuis le collège, on nous enseigne l’origine du peuplement malgache. Des populations venant de l’Asie, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Les manuels scolaires se transmettent de génération en génération. Pourtant, pendant 61 ans, certains n’ont pas toujours compris leur leçon d’histoire.
En outre, Madagascar n’est pas encore prête à se débarrasser des attaches sectaires, ce communautarisme déguisé. Alors que ce sont des facteurs néfastes qui vont à l’encontre du fihavanana malagasy. Ces fléaux empêchent les citoyens de voir les choses correctement.
Les séquelles de la colonisation accentuent également l’écart entre les « arrières-terres » et les habitants du littoral. Joseph Simon Gallieni, avec sa pacification, a réussi à implanter une politique de race tout en définissant les « malagasy tsy vaky volo ». Ses héritiers continuent son œuvre. Toutefois, les observateurs ont tendance à rejeter la faute sur les autres. Normalement, la construction d’une nation dépend des Malgaches eux-mêmes. En effet, c’est un travail de longue haleine.
Les valeurs, qu’elles soient typiquement africaines ou non, constituent un socle fondamental pour renforcer les liens dans la société malgache, pour construire ou sauvegarder le « vouloir vivre ensemble », pour forger les institutions politiques, économiques, sociales et culturelles.
Iss Heridiny