Tous les acteurs restent unanimes sur le maintien de la commission électorale nationale indépendante.
Le mandat de l’actuelle commission électorale nationale indépendante doit être renouvelé en octobre prochain. Les nouveaux membres de cet organe chargé des opérations électorales devraient être connus dans les semaines qui suivent. Pourtant, la situation qui prévaut actuellement dans les différents corps de métiers qui devraient intégrer cette commission ainsi que le débat politique qui anime le microcosme sur ce sujet risquent d’impacter le délai. Le conflit qui divise le ministère de la Communication et de la Culture avec les dirigeants de l’Ordre des Journalistes de Madagascar, par exemple, complique le processus qui devrait élire le représentant du métier au sein de la commission électorale. L’ordre des Avocats, également, traverse une zone de turbulence et se trouve en difficulté pour sortir un nom qui devrait siéger à leur quota à Alarobia.
Freiner le développement. Sur le plan politique, l’échéance partage les avis des acteurs. « Il faut appliquer les textes en vigueur », a soutenu Neypatraiky Rakotomamonjy, sénateur issu du camp présidentiel. Pour ce dernier, il n’y a pas lieu de traîner dans la mise en place de la prochaine commission électorale. Ce dernier veut que la future commission voit le jour en octobre prochain, conformément aux dispositions légales en vigueur. Et de poursuivre que « cette habitude de débattre sur l’application des lois et la tendance à modifier la législation en vigueur peut freiner le développement du pays ». Mais « si le gouvernement entend apporter des modifications sur la teneur de la loi régissant cette commission électorale, il faut porter le projet au niveau du Parlement qui va se réunir en session en octobre prochain ». L’opposition quant à elle, insiste, en revanche, sur une « concertation » avant la mise en place de nouveaux locataires à Alarobia.
Refonte. L’opposition veut saisir cette opportunité pour avancer ses idées de « réforme du système électoral en partant principalement par la refonte des textes en vigueur » selon Thierry Raveloson, membre du parti Hery Vaovao ho an’i Madagasikara. « Il faut d’abord procéder à une refonte de l’encadrement légal des élections avant de passer à la mise en place de la commission électorale, qui devrait intervenir en deuxième étape de la démarche », a-t-il poursuivi. C’est en suivant ce processus, selon toujours cet ancien sénateur, qu’ « une stabilité est garantie et les risques de contestation électorale réduits ». La dissolution de la Ceni, pourtant, n’est pas dans la perspective de l’opposition.
Crédibilité. L’horizon de la prochaine présidentielle est déjà si proche. Mais il ne faut pas « trop se précipiter à ériger une commission électorale qui hérite des critiques des élections de 2018 », a martelé Thierry Raveloson. « Il faut éviter les crises et contestations électorales en invitant tous les acteurs à se concerter sur le cadre légal des élections », a-t-il avancé. « Déjà que certaines parties prenantes du processus électoral ont émis des réserves concernant la crédibilité de l’actuelle commission électorale, il est nécessaire que les règles du jeu électoral soient discutées dès maintenant par tous les acteurs afin de garantir la stabilité du prochain régime », poursuit-il.
Retour en arrière. La fin du mandat de l’actuelle commission électorale nationale indépendante fait circuler également le bruit sur un hypothétique rattachement des organisations des élections au ministère de l’Intérieur. Un sujet qui a été esquivé par Holder Ramaholimasy, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, le mardi 17 août dernier à l’issue de la cérémonie de passation de service avec son prédécesseur à Anosy. Selon ce dernier, « le ministère apporte ses appuis à l’organisation des élections » mais s’abstient à supplanter les missions confiées jusqu’à présent à la Ceni. Pour Hery Rason, membre de la société civile, « confier à nouveau l’organisation des élections au ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation serait un retour en arrière ». Et la dissolution de la commission électorale, selon ce dernier, n’est pas une solution même s’ « il est certes intéressant de constater que les compétences en matière d’administration électorale se trouvent au niveau du ministère de l’Intérieur », soutient-il.
Rija R.