Madagascar, cette Grande Île à 400 kilomètres de l’Afrique. Un pays regorgeant des ressources naturelles qui abrite sous son ciel des habitants maigres, pauvres et désargentés. Une population accablée par le sort car elle est née dans un pays en forme de « pied gauche incliné ». Un peuple souffrant d’un sommeil de naïveté et d’une fièvre politique chronique.
L’île rouge est une nation en perpétuelle construction. Tel est le cliché de la patrie de Jacques Rabemananjara. Stigmatisé et marginalisé, considéré comme la tortue du sud-ouest de l’océan Indien, Gasikara a, pourtant, hébergé dans sa carapace des personnalités exilées de diverses origines. Bien entendu, elle a également formé des grands hommes du continent noir.
Terre d’exil. Les passionnés de l’Histoire contemporaine de l’Afrique le connaissent. Il a pu convaincre son pays, la Guinée, de dire NON à la France lors du Référendum de 28 septembre 1958, lorsque le général de Gaulle proposait la communauté française aux pays colonisés. Dictateur pour les uns, nationaliste pour les autres, Sékou Touré est un panafricain dévoué. Le courage et la bravoure coulent dans ses veines. En fait, ce père de l’indépendance guinéen a suivi les pas de son grand-père paternel, Bâté-Bakary Touré. Ce dernier est un brave homme. Il figure parmi les résistants ayant lutté contre l’installation française dans la partie occidentale de l’Afrique, le grand-père de Sékou Touré est arrêté par les colonisateurs et déporté à Madagascar où il meurt en 1920.
Le deuxième personnage est un monarque marocain, Mohamed V. Né en 1909, Sidi Mohammed Ben Youssef est d’abord choisi par l’autorité française comme sultan en 1927 avant devenir roi du Maroc en 1957. Le jeune homme affiche son hostilité envers la France colonisatrice dans la deuxième moitié des années 1940 et revendique l’indépendance de son pays. Ainsi, il soutient l’Istiqlal, un parti indépendantiste. En 1954, il est arrêté et exilé en Corse puis à Antsirabe. Il y reste jusqu’en novembre 1956.
Pédagogue de l’élite africaine. Outre Thomas Isidore Sankara, le “Che africain”, qui a fait ses formations à l’Académie militaire à Antsirabe, des hautes personnalités y sont inscrites. Ibrahim Baré Maïnassara fait partie de ces élites africaines formées par cette institution de référence. Issu de la cinquième promotion « Faneva » en 1970, il devient aide de camps du président Nigérien Seyni Kountché. En 1976, alors qu’il n’a que 27 ans, il est nommé commandant de la garde présidentielle. À la deuxième moitié des années 1980, Maïnassara passe de militaire à chef d’Etat sans oublier son poste d’agent diplomatique. Ambassadeur du Niger en Algérie (1990-1992), conseiller du Premier ministre Amadou Cheiffou en 1992, il organise un coup d’Etat et se proclame chef du Conseil de salut national en 1996. Après trois ans de règne, il est assassiné à l’aéroport de Niamey.
En somme, Madagascar est un passage obligé aussi bien pour certaines élites du continent noir que des artistes et érudits occidentaux. La Grande Île a une facette brillante et prometteuse que les fatalistes et les sceptiques ne verront jamais !
Iss Heridiny